Q: Connaissez-vous l'entreprise Made in Italy (au coeur du projet de blanchiment d'argent)?

Q: Connaissez-vous l'entreprise Made in Italy (au coeur du projet de blanchiment d'argent)?

R: Non. J'en ai entendu parler il y a environ trois semaines. Un article est paru dans une revue italienne, L'Espresso. J'ai vu qu'il y était question d'un monsieur Turrisi. Turrisi, je ne l'ai jamais rencontré, je ne l'ai jamais vu, je n'ai jamais eu affaire à lui. Je ne le connais pas! Comment mon nom est mêlé à une affaire comme ça? Est-ce que quelqu'un a voulu se servir de mon nom pour monter en valeur? Je ne sais pas ce qui s'est passé. Mais ce Turrisi là, je ne l'ai jamais rencontré de ma vie.

Q: Selon Turrisi, le holding Saputo devait acheter Made in Italy. Qu'en est-il?

R: Saputo est une compagnie publique. Comment Saputo peut investir dans quoi que ce soit sans que ça vienne au conseil d'administration, sans que le conseil l'approuve? On ne fait pas ce qu'on veut avec une compagnie publique. Jamais le nom de Made in Italy est venu à notre table.

Q: Pensez-vous que vous êtes une victime?

R: Définitivement. D'après moi, je suis victime de ma réputation. Écoutez, Saputo, c'est vu comme une compagnie florissante, qui a eu du succès. La valeur de Saputo, c'est public. Donc, n'importe qui peut se servir de mon nom sans qu'on le sache.

Q: Tantôt, vous parliez de la réputation... Mais l'historique de l'entreprise, les liens passés avec Joe Bonnano (l'ancien chef de la mafia américaine, mort en 2002), pensez-vous qu'il y a un lien avec ça?

R: Écoutez, on parle de 1963, on parle d'une lettre que mon père a écrite en invitant M. Bonnano à participer dans les actions de la compagnie Saputo. Mais mon père ne connaissait pas M. Bonnano à l'époque. Il connaissait son associé, John Di Bella. À la demande de M. Di Bella, mon père a écrit cette lettre-là, mais lorsque mon père a su qui était Bonnano, il n'y a pas eu de transaction, il n'y a rien eu, naturellement, on a été victime de ça. Moi, je n'ai rien à faire là-dedans.

Q: L'article de L'Espresso rappelle que vous êtes allé aux funérailles du mafioso Joe Lo Presti (mort assassiné au début des années 90)...

R: Oui, bien Joe Lo Presti, c'était une personne de la communauté italienne, j'étais à ses funérailles. Écoutez, on ne peut pas être accusé par association. Je peux répondre de mes actes, de ce que j'ai fait, ma famille peut répondre de ce qu'elle a fait toute sa vie, mais je ne sais pas ce que les autres font.

Q: Dans un des documents, il y a une mention selon laquelle vous auriez été d'accord avec l'opération de blanchiment d'argent parce que vous deviez quelque chose à Vito Rizzuto...

R: Absolument pas. Vito Rizzuto, je le connais... Je n'ai jamais rien eu affaire à Vito Rizzuto. Ni de près, ni de loin. Soit en affaires, soit social. Je le connais de nom, je le connais de réputation, comme n'importe qui à Montréal, mais je n'ai jamais eu affaire à M. Rizzuto.

Q: Quand vous allez dans des banquets ou que vous participez à des campagnes de financement...

R: C'est très rare que j'ai rencontré les Rizzuto dans des collectes de fonds, dans des banquets, à ma connaissance, c'est très rare.

Q: On ne comprend toujours pas comment votre nom se retrouve là (dans les documents judiciaires italiens)...

R: Moi non plus je ne comprends pas...1963, 1972, 1981, ce sont des années où j'ai été victime, coupable par association. Et là encore en 2007!

Q: Est-ce que c'est arrivé souvent qu'on se serve de votre nom?

R: C'est la première fois de ma vie que je vois qu'on s'est servi de mon nom.... On parle de 600 millions, ça n'a pas de sens! Même une piastre, ça n'a pas de sens pour moi. Écoutez, je suis victime, quelqu'un est en train de se servir de mon nom.

Précision sur Lino Saputo

Dans son numéro du 17 juillet 2008, La Presse soulignait que M. Lino Saputo avait été victime d'une histoire de blanchiment d'argent inventée par Mariano Turrisi alors que celuici a reconnu avoir utilisé le nom de M.Saputo à son insu.

Cet article reprenait la conclusion des enquêteurs italiens qui avaient alors fermé définitivement leur dossier sur les dires de M. Turrisi et dont La Presse faisait état dans son édition du 12 décembre 2007.

Dans ces reportages, nous avions pris soin d'indiquer que M. Saputo n'était pas sous enquête. Néanmoins, La Presse reconnaît que certains lecteurs ont pu avoir l'impression du contraire. Nous regrettons les inconvénients causés par cette interprétation.

C'est pourquoi nous tenons à préciser que le nom de M. Saputo n'a jamais figuré au "registre des personnes faisant l'objet d'une enquête" relativement au procès impliquant M. Turrisi. La Presse réitère donc que M. Saputo n'a pas fait l'objet d'une enquête formelle de la police italienne.

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