L'avocat de Conrad Black a soutenu lundi que les jurés ne disposaient que des déclarations d'un «menteur» pour incriminer l'ancien baron de la presse concernant des allégations de fraude.

L'avocat de Conrad Black a soutenu lundi que les jurés ne disposaient que des déclarations d'un «menteur» pour incriminer l'ancien baron de la presse concernant des allégations de fraude.

Les affirmations d'Eddie Greenspan font partie des nombreuses charges lancées contre la crédibilité du témoin vedette de la poursuite, David Radler.

«L'entente que vous avez obtenue dans cette cause est la meilleure entente (de votre vie), a lancé M. Greenspan lors de la conclusion de son contre-interrogatoire musclé. Pour cette entente - cette entente incroyablement avantageuse - vous avez dû donner au gouvernement américain ce qu'il voulait, même si personne ici n'a commis de crime à part vous.»

Radler a déjà affirmé lors d'un témoignage que Black était à l'origine d'un plan visant à s'intégrer, ainsi que d'autres cadres de Hollinger International, comme bénéficiaires dans des ententes de non-concurrence.

Cela signifiait qu'une partie des produits d'une vente de journaux allait aux cadres de l'entreprise plutôt qu'à ses actionnaires.

Lors de son contre-interrogatoire, lundi, M. Greenspan a affirmé à Radler qu'il n'avait donné aucune preuve de ses allégations concernant Black. L'avocat a aussi rappelé au témoin qu'il avait déjà lui-même reconnu qu'il lui était arrivé de mentir.

Me Greenspan l'a notamment interrogé au sujet d'un appel téléphonique que Black aurait fait en 1999 et qui, selon Radler, est à l'origine de toute cette fraude présumée.

«La seule preuve que nous avons concernant cet appel est votre témoignage, a dit l'avocat. Vous ne pouvez fournir un seul document qui confirme que cet appel a eu lieu - et vous avez vous-même admis être un menteur.»

Radler, à la fois évasif et combatif, a affirmé ne pas avoir menti aux jurés.

«Je reconnais avoir menti dans le passé, a-t-il dit. Je n'ai pas menti lorsque je me suis adressé au jury.»

Me Greenspan a néanmoins mis en relief quelques contradictions dans le témoignage de Radler, suggérant de nouveau qu'il ment et qu'on ne peut lui faire confiance.

L'avocat a ainsi fait référence au témoignage livré par Radler la semaine dernière, quand il a déclaré ne pas avoir révisé la transcription de ce qu'il a dit au comité de vérification de Hollinger en 2003 avant de témoigner. Mais le lendemain, il s'est contredit en déclarant avoir révisé le document de 76 pages.

Lundi, Radler a soutenu ne pas avoir relu le document mais l'avoir seulement révisé. Il a résisté à la tentative de Me Greenspan de le dépeindre comme un menteur, affirmant avoir simplement mal compris la question. Il a ensuite accusé Me Greenspan de couper les cheveux en quatre.

Radler sera maintenant interrogé par l'avocat de Jack Boultbee, un des co-accusés de Black, et devrait demeurer à la barre des témoins pour toute la semaine.

Radler témoigne au procès de Black dans le cadre d'une entente conclue avec les procureurs.

En échange de son témoignage contre son ancien patron, Radler purgera une peine de 29 mois, une sentence clémente pour un délit financier aux États-Unis.

Il purgera sa peine au Canada, probablement dans l'une des deux prisons à proximité de son domicile de Vancouver. Un de ces établissements, a dit Me Greenspan, offre un «programme de thérapie par le golf».

«Je ne joue pas au golf, donc ça ne m'aidera pas», a blagué Radler.

Pour sa part, Black pourrait écoper d'une peine d'emprisonnement de 101 ans s'il est reconnu coupable.