L'économie chinoise, toujours vigoureuse, semble souffler un peu au vu du ralentissement des investissements et de la production industrielle, mais certains analystes restent sceptiques.

L'économie chinoise, toujours vigoureuse, semble souffler un peu au vu du ralentissement des investissements et de la production industrielle, mais certains analystes restent sceptiques.

Les deux indicateurs publiés cette semaine ont confirmé les frémissements constatés depuis l'été et apportent de l'eau au moulin de ceux qui estiment que les mesures macroéconomiques, prises par les autorités ces derniers mois pour éviter un emballement de l'économie, portent leurs fruits.

"Quand on voit la situation, je pense que le gouvernement n'aura guère besoin de resserrer la vis au cours des prochains mois", avance Qu Hongbin, économiste de la banque HSBC à Hong Kong.

La croissance de la production industrielle a décéléré en octobre, atteignant 14,7% en glissement annuel, son plus bas taux depuis février.

Le chiffre d'octobre, annoncé mercredi, a quelque peu surpris les analystes qui s'attendaient certes à un tassement, mais moins prononcé.

Sur les dix premiers mois, le taux est tombé à 16,9% contre 17,2% pour les trois premiers trimestres.

Jeudi, le gouvernement a annoncé que les investissements en capital fixe avaient progressé de 26,8% en glissement annuel entre janvier et octobre, enregistrant un nouveau ralentissement.

Là encore, les prévisions étaient prudentes. "C'est en deçà de notre estimation de +27,6% et de celles du marché", admet Stephen Green, économiste à la banque Standard Chartered à Shanghai.

Ces investissements, principal indicateur de surchauffe et dont le gouvernement chinois tente de freiner la croissance, avaient augmenté de 27,3% sur un an entre janvier et septembre, et de 28,2% en zones urbaines.

"Du point de vue du gouvernement au moins, le contrôle sur les investissements dans l'immobilier et dans l'industrie ainsi que sur le crédit a des effets", ajoute l'expert.

Les autorités considèrent le surinvestissement, notamment dans le secteur immobilier, comme un des principaux problèmes de l'économie, alors que le pays connaît une croissance toujours forte, atteignant 10,7% sur neuf mois contre un taux de 8% fixé pour cette année.

L'objectif initial était de contenir l'augmentation des investissements dans la limite des 18% en 2006.

Cela est désormais une mission impossible mais le gouvernement peut se targuer d'avoir évité des dommages plus grands alors que les provinces rechignent à strictement appliquer les mesures de contrôle, par peur de provoquer une hausse du chômage qui entraînerait des conflits sociaux.

L'autre motif de satisfaction pour la Chine est la maîtrise de son inflation qui, officiellement, a atteint 1,4% en octobre en rythme annuel, dans les clous de la prévision pour 2006 établie à 3%.

Ces résultats, que certains experts jugent encourageants, en laissent d'autres dubitatifs.

"L'économie chinoise ralentit-elle? C'est ce que nous disent les chiffres officiels. Mais nous avouons que nous sommes sceptiques", dit Stephen Green, expliquant que le chiffre des investissements en capital fixe est souvent "arrangé" par les responsables politiques locaux qui veulent être dans la ligne, et que la politique monétaire reste "lâche".

Dans le camp des sceptiques, on estime que le ralentissement des principaux indicateurs est d'abord conjoncturel et dû à une politique à courte vue.

"Une fois que l'effet des mesures administratives sera dissipé, les investissements repartiront de plus belle au premier trimestre 2007", prédit M. Green.

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