Le gouvernement se tourne les pouces pendant que le secteur de la forêt traverse la pire crise de son histoire, a dénoncé hier Guy Chevrette, président du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ), qui était de passage en Outaouais dans le cadre d'une tournée provinciale.

Le gouvernement se tourne les pouces pendant que le secteur de la forêt traverse la pire crise de son histoire, a dénoncé hier Guy Chevrette, président du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ), qui était de passage en Outaouais dans le cadre d'une tournée provinciale.

L'indécision du gouvernement Charest nuit à l'industrie, qui a perdu 21 000 emplois depuis avril 2005, et qui a vite besoin de mesures concrètes pour la rendre plus concurrentielle, a-t-il ajouté.

"En mai dernier, le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, annonçait qu'il voulait nous sortir de l'incertitude. Mais comme dirait mon grand-père, 'les bottines ne suivent pas les babines'. On parle et on parle, mais les décisions ne se prennent pas. Le pire problème, c'est qu'il n'y ait pas de décision", a déclaré le fougueux ex-ministre péquiste.

Il a donné l'exemple de la Nouvelle-Écosse, qui vient d'accorder une aide de 35 millions $ à son industrie forestière, une province pourtant bien plus petite que le Québec.

Sa tournée, a-t-il reconnu, vise "à pousser dans le dos du Québec à prendre des décisions, parce que ça tarde".

Le secteur de la forêt vit une crise avec l'effondrement du marché de la construction aux États-Unis, et surtout, avec le dollar canadien qui surpasse la valeur de la devise américaine et qui rend les produits du bois d'ici beaucoup plus cher. "À chaque cent d'augmentation du dollar, il en coûte 150 millions $ de plus annuellement à notre industrie."

Crise "structurelle"

L'industrie forestière traverse aussi une crise "structurelle", et c'est là que le gouvernement du Québec peut intervenir, selon Guy Chevrette. "On est devenu non-compétitifs avec nos voisins de l'Ontario, de la Colombie-Britannique et les Américains."

Avec sa paperasse, sa ribambelle de contrôles et sa "maladie d'avoir la plus belle norme", il en coûte en moyenne de 12 à 15 $ à l'industrie forestière du Québec pour traiter sa matière première, selon M. Chevrette, comparativement à 7 $ en Ontario. "On a une taxe sur le capital au Québec qui coûte 80 millions $ par année présentement à l'industrie forestière, alors qu'elle n'existe pas en Colombie-Britannique et aux États-Unis, et qu'elle est de moitié en Ontario."

Guy Chevrette y est allé d'une charge à fond de train contre Greenpeace. Le mouvement écologique international a fait une sortie médiatisée en Europe, ce week-end, pour dénoncer les pratiques de l'industrie dans la forêt boréale québécoise.

"Il n'y a rien de plus pernicieux, de vicieux et de plus malhonnête que l'attaque de Greenpeace. Ç'a assez duré et on va se défendre."

M. Chevrette affirme que la forêt se régénère très bien au Québec et l'industrie est l'une des plus responsables au monde en ce qui a trait à l'environnement, contrairement à des régions comme l'Asie et l'Amérique Sud, qui rasent leurs forêts. Plusieurs compagnies du Québec sont certifiées. Trois grands parcs fédéraux, et 22 parcs provinciaux ont été créés pour protéger la forêt, a-t-il aussi rappelé.

Réaliste, Guy Chevrette reconnaît qu'il y aura restructuration dans l'industrie de la forêt et que celle-ci fera mal. Mais le secteur rebondira, selon lui.

llafortune@ledroit.com

LA FORÊT AU Québec200 000 emplois directs, indirects et induits

13 milliards $ d'activités économiques annuellement

3,5 milliards $ en salaires

1,5 milliard $ en taxes et impôt

250 municipalités qui en vivent

Source : Conseil de l'industrie forestière du Québec