Le déficit commercial du Québec ne se fait pas sentir seulement dans les entreprises et chez leurs employés. Le fisc québécois y perd aussi des milliards.

Le déficit commercial du Québec ne se fait pas sentir seulement dans les entreprises et chez leurs employés. Le fisc québécois y perd aussi des milliards.

Dans le budget de mai dernier, les fonctionnaires des Finances ne chiffrent pas exactement ces pertes, mais estiment tout de même l'effet négatif sur la croissance québécoise de ce déficit.

«Alors que le secteur extérieur a ajouté près d'un point de pourcentage à la croissance économique québécoise à la fin des années 90, note le ministère des Finances, il en aura retranché 1,7 point par année en moyenne de 2002 à 2007.»

Prenons par exemple l'année 2003. Cette année-là, Québec estime que nos importations plus grandes que nos exportations ont fait perdre à l'économie de la province 3,2 points de pourcentage de croissance.

Au lieu du 1,3% de croissance réelle enregistré, l'économie du Québec aurait donc crû de 4,5%, une performance plus qu'acceptable.

«C'est gros, mais c'est ça, explique un haut fonctionnaire du ministère des Finances. Si on avait eu un secteur extérieur aussi fort qu'à la fin des années 90, on aurait connu une croissance extrêmement forte au Québec.»

Les fonctionnaires québécois ont ce qu'ils appellent une «règle du pouce» pour mesurer les entrées de fonds dans les coffres du Trésor.

Chaque point de croissance, estiment-ils, rapporte au fisc quelque 450 millions de dollars. C'est donc dire que, pour la seule année 2003, la perte de revenus a frôlé le milliard et demi.

Comme la croissance intérieure a été particulièrement vigoureuse ces dernières années - on n'a qu'à penser aux secteurs de la construction et du commerce de détail, notamment - le déficit commercial ne nous a pas amenés en récession.

Mais, un jour ou l'autre, les consommateurs québécois vont bien finir par se calmer. «Tôt ou tard, poursuit le haut fonctionnaire, on pense que la demande domestique va ralentir. Il faut donc que le secteur extérieur reprenne.»