La compagnie Club Med a inventé le marché des vacances peu chères, tout compris, avant de perdre des clients aux mains de concurrents actifs dans Internet.

La compagnie Club Med a inventé le marché des vacances peu chères, tout compris, avant de perdre des clients aux mains de concurrents actifs dans Internet.

Aujourd'hui, l'entreprise se métamorphose en une chaîne de villégiatures plus chère et regagne des clients qui ont vieilli et qui ont les moyens de se payer des traitements au spa et des leçons d'équitation.

La compagnie attire aussi les investisseurs qui s'attendent à ce que son titre, qui ne vaut plus que le tiers environ de son prix record (152,9 euros), grimpe de 11% d'ici septembre.

Incapable d'affronter la concurrence sur le plan des prix avec des compagnies de forfaits voyages telles que TUI AG, la société Club Med, de Paris, «a trouvé sa niche, elle n'a plus de concurrents», soutient Christian Ginolhac, qui participe à la gestion d'environ 200 millions d'euros, y compris des actions de Club Med, chez Gaspal Gestion, à Paris.

«C'est logique de leur part de viser une clientèle plus aisée», ajoute-t-il.

Henri Giscard d'Estaing, le PDG de Club Med, a majoré du tiers les prix des séjours d'une semaine après avoir consacré 1 milliard d'euros (1,44 milliard CAN) à la rénovation des villégiatures de la compagnie disséminées depuis la Martinique jusqu'à la Tunisie.

Il vise les clients tels que les banquiers et les avocats dont les revenus se classent parmi les 12% les plus élevés en Europe.

Les bénéfices de Club Med vont presque quadrupler à 49,4 millions d'euros d'ici 2009, selon des prévisions d'analystes recueillies par Bloomberg.

L'action de Club Med a bondi de 33% cette année. Le titre grimpera à 60 euros avant que la compagnie fasse connaître les résultats de ses ventes en septembre prochain, selon Matthias Desmarais, un analyste de la Société Générale.

Ce dernier a relevé son estimation touchant l'action de Club Med à 60 euros le 25 juin dernier, jour elle se transigeait à 51,80 euros.

«Club Med doit transformer ses villages et élargir ses horizons», soutient Gérard Augustin-Normand, directeur général de Richelieu Finance, qui possède une participation de 17,4% dans Club Med. «La communauté financière commence à apprécier», ajoute-t-il.

Les voyageurs font de même: les réservations pour la saison estivale ont grimpé de 8% sur l'an dernier, alors que les réservations chez TUI Tourism n'ont augmenté que de 2,8%, ont indiqué les deux compagnies en juin dernier.

Giscard d'Estaing, le fils d'un ancien président français, investit encore 100 millions d'euros pour améliorer tous les 80 villages de Club Med d'ici la fin de 2008 et faire en sorte que ces villégiatures offrent des enveloppements au chocolat au spa et des piscines au bord de la mer.

Les clients peuvent boire autant de «mojitos» qu'ils souhaitent au «bar de minuit», alors que c'était un extra auparavant.

Les chambres ont été agrandies et redécorées pour y accueillir des téléviseurs à écran plat et des draps de designer sur lesquels on étend des pétales de rose dans certaines villégiatures.

Aux repas, les clients peuvent choisir du foie gras ou observer les chefs flamber leurs sorbets à leur table.

On est loin des origines de la compagnie. Club Med a été fondé en 1950 et ses installations consistaient alors en camps sur la plage où les clients dormaient dans des huttes sans éclairage, se lavaient dans des salles de bain communes et préparaient leurs repas dans des cuisines roulantes.

Plus tard, Club Med a acquis la réputation d'être une destination hédoniste pour célibataires en quête d'aventures.

Les patrons de Club Med font le pari que l'adoption de prix plus corsés se traduira par un meilleur rendement pour les investisseurs.

«Je peux vous promette que la croissance va s'accélérer», indiquait le mois dernier M. Giscard d'Estaing.

Mais tous ne sont pas convaincus que les bénéfices de Club Med vont décoller. Ainsi, la compagnie doit faire la démonstration qu'elle peut attirer davantage de clients et générer une croissance soutenue, selon Bruno de la Rochebrochard, un analyste de Raymond James, à Paris. Il conseille de vendre le titre de Club Med.

En fait, Club Med a perdu des clients après avoir majoré ses prix. Les revenus par lits disponibles ont augmenté de 4,5% à 99,4 euros lors de la saison hivernale l'an dernier. Mais au même moment, le taux d'occupation passait de 71,9% à 70,5%.