Hydro-Québec vient de limoger son vérificateur général, Michel Gourdeau.

Hydro-Québec vient de limoger son vérificateur général, Michel Gourdeau.

Celui-ci avait enquêté, l'an dernier, sur les à-côtés d'une transaction de 84 millions par laquelle la société d'État s'était départie de ses actifs dans la compagnie chinoise Meiya Power Company.

Une commission de 1,4 M$ US avait été payée à un consultant suisse pour trouver un acheteur, alors qu'il y en avait déjà un.

Procédure tout à fait inhabituelle, le conseil d'administration d'Hydro-Québec a tenu une réunion extraordinaire en matinée vendredi dernier dans le seul but de mettre un terme immédiatement, près d'un an avant son terme, au contrat de M. Gourdeau.

Celui-ci a été reçu tout de suite après par le président du conseil, Michael Turcotte, et le responsable du comité de vérification interne d'Hydro, Jacques Leblanc, qui lui ont sur-le-champ signifié son départ.

Un de ses subalternes, Élie Rabbat, a été nommé sur-le-champ vérificateur par intérim.

Le contrat de cinq ans de M. Gourdeau ne se terminait qu'à la fin de l'été 2008; il part avec un an de salaire, un peu plus de 250 000$.

«Le lien de confiance était brisé», explique-t-on en coulisse à Hydro-Québec, où on était bien peu enclin à commenter ce départ impromptu.

M. Gourdeau, ainsi que Thierry Vandal, avaient été des recrues d'André Caillé, qui était allé chercher ces anciens collaborateurs à Gaz Métropolitain peu de temps après son atterrissage à Hydro-Québec, en 1996.

«Vandal et Gourdeau étaient toujours en chicane, on peut parler de conflit de personnalité; cela me tapait un peu sur les nerfs ces enfantillages», observe de son côté M. Caillé.

À Hydro-Québec, on confie qu'après le verdict du vérificateur général du Québec sur la transaction avec Meiya, en juin dernier, M. Gourdeau avait fait d'autres allégations sur une transaction similaire.

Un vérificateur externe avait été mandaté et avait conclu qu'il n'y avait rien de répréhensible. L'administration Vandal a trouvé que cela commençait à bien faire.

En février 2007, M. Gourdeau s'était plaint au conseil d'administration de la société de faire l'objet de pressions de la haute direction dans le cadre de son enquête sur Meiya Power, société chinoise où HQ International avait, en 2004, liquidé sa participation de 84 millions de dollars.

Radio-Canada avait alors relevé que Thierry Vandal, président directeur général de la société, était le responsable d'Hydro International à l'époque.

HQI avait payé 1,4 million US pour qu'une firme suisse, Gestfinanz, trouve un acquéreur pour sa participation dans Meiya.

Une somme payée par Hydro même si l'acquéreur avait été trouvé avant la signature de ce contrat avec les Suisses.

Devant la controverse, le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, avait été appelé à se prononcer. Dans son rapport, publié en juin, il concluait que le 1,4 million «se comparait à ce qu'on aurait généralement versé pour ce type de transaction internationale. Toutefois compte tenu des services rendus par cette firme, ce montant était trop élevé».

Il ajoutait que ces honoraires trop élevés ne pouvaient être expliqués par «des sommes qui auraient été incorrectement versées à des employés d'Hydro-Québec ou à d'ex-employés».

«Du moins, on n'a pas eu de preuve de ce genre de paiement», avait soutenu M. Lachance en conférence de presse.

Le vérificateur général du Québec soulignait aussi que «les règles internes à Hydro-Québec et des principes de saine gestion n'ont pas été respectés».

Le directeur du développement à HQI à l'époque, François Dell'Aniello, avait ouvert un compte en Suisse, signé une convention d'achat d'action, embauché des avocats et accordé sans appel d'offre le contrat à Gestfinanz, avait relevé le rapport du vérificateur général.

Hydro s'était aussi sans raisons exposée à des recours de la part de la firme Darby avec qui la société d'État avait une entente d'exclusivité.

«Un encadrement plus serré aurait dû être exercé parce que c'était la première fois qu'Hydro-Québec disposait d'une participation sur le marché international et que les principaux acteurs ne possédaient pas d'expérience dans ce genre de transaction».

M. Lachance concluait que le conseil d'administration et le public n'avaient pas eu les chiffres exacts sur le gain en dollars canadiens de cette transaction.