Josée est déçue et inquiète: le fisc l'empêche de cotiser autant qu'elle le voudrait à son REER. La femme de 38 ans travaille depuis 11 ans pour le même employeur, et participe depuis lors à son régime de retraite.

Josée est déçue et inquiète: le fisc l'empêche de cotiser autant qu'elle le voudrait à son REER. La femme de 38 ans travaille depuis 11 ans pour le même employeur, et participe depuis lors à son régime de retraite.

«En raison de mon facteur d'équivalence élevé, je me retrouve, depuis quelques années, avec des droits de cotisation REER plafonnés», dénonce-t-elle.

Cette constatation la mène à une première question: «À quoi correspond et comment calcule-t-on le facteur d'équivalence? Je le trouve très élevé et ce chiffre est un mystère pour moi.»

Petit rappel du facteur d'équivalence

Pour les inciter à épargner en vue de leur retraite, le fisc permet aux travailleurs de verser dans leur REER, à l'abri de l'impôt, une somme équivalant à 18% du revenu gagné de l'année précédente. Ceux qui ont la chance d'avoir un régime de retraite avec leur employeur voient cette somme réduite: c'est le facteur d'équivalence, «montant calculé pour tenir compte des avantages reçus par l'employé au titre de sa participation au régime de pension», décrit Denis L'Hostie, directeur principal, planification financière, chez BLC Services Financiers.

Le facteur d'équivalence est calculé différemment selon qu'il s'agit d'un régime à prestations déterminées (une rente proportionnelle aux revenus sera versée jusqu'au décès) ou d'un régime à cotisations déterminées (comme dans un REER, les cotisations et le rendement s'accumulent pour former un capital de retraite).

Dans ce dernier cas, le facteur d'équivalence est égal aux cotisations versées par l'employé et son employeur durant l'année précédente.

Dans le cas d'un régime à prestations déterminées, le calcul est plus complexe. On considère plutôt la valeur de la rente de retraite acquise au cours de l'année, à laquelle on applique un facteur de neuf.

En effet, résume notre expert, on estime que pour produire une rente de retraite de 100$, il faut avoir aujourd'hui un capital approximativement neuf fois plus élevé, soit 900$.

Josée bénéficie justement d'un régime de retraite à prestations déterminées, «ce qui explique l'écart entre ses cotisations à son fonds de pension et son facteur d'équivalence», observe Denis L'Hostie.

Sans régime de pension, son revenu annuel d'environ 67 000$ lui procurerait des droits de cotisation approximatifs de 12 000$. Son facteur d'équivalence a été établi à 9493$. Pour l'année d'imposition 2007, elle ne peut donc verser que 2520$ dans son REER, auxquels s'ajoutent les 906$ de remboursement obligatoire d'un RAP de 13 000$.

«J'ai l'impression que ces cotisations sont nettement insuffisantes pour ma retraite», s'inquiète-t-elle.

Le diagnostic

«Josée a raison», assène Denis L'Hostie. «Même si elle cotise le maximum à ses REER annuellement, elle ne pourra se permettre de prendre sa retraite à 60 ans, selon son désir.»

Josée souhaite en effet maintenir pendant sa retraite son train de vie actuel, estimé à 36 000$ par année. Une retraite à 60 ans ne lui permet d'accumuler que 250 000$ dans son REER, une somme insuffisante pour soutenir ce rythme. Ce capital serait en effet épuisé aux environs de 80 ans, soit une bonne dizaine d'années trop tôt.

Pour atteindre ses objectifs, Josée devra donc compléter ses REER avec des placements non enregistrés. Malheureusement, son budget ne dégage qu'une épargne minimale. Elle améliorerait ses perspectives en réduisant dès maintenant son coût de vie de 5 à 10%, et en investissant chaque année la somme épargnée — 1800$ à 3600$.

Même alors, les résultats sont mitigés. En effet, avec son surplus budgétaire, Josée doit également assumer l'achat d'une voiture d'une valeur de 23 000$, qu'elle désire remplacer à intervalle de huit ans. En supposant une réduction des dépenses de 5%, cette discipline ne lui procurerait à 60 ans qu'un capital non enregistré d'à peine 29 000$, selon les calculs de notre expert.

Mais parce que ce scénario suppose que Josée réduise également son train de vie durant sa retraite, ses épargnes REER et hors REER la mèneraient jusqu'au bout de la route.

Si elle veut tout de même maintenir son train de vie, elle devra emprunter une autre voie. En retardant la retraite à 63 ans, Josée amasserait 70 000$ de plus dans son REER. Sa rente de la RRQ se trouverait en même temps majorée de 18%. «Dans ce cas, elle ne serait pas obligée de réduire son coût de vie de 5 à 10%», observe Denis L'Hostie.

Pour assurer une marge de manoeuvre plus confortable, il recommande néanmoins que Josée choisisse des véhicules légèrement moins coûteux — peu de chose, à peine 1000$ de moins — et qu'elle les remplace à intervalle de 10 ans plutôt que huit. Ce petit sacrifice lui permettrait de porter son capital hors REER à 40 000$ à 65 ans.

«Ça lui laisse une petite marge car je n'aime pas que les gens atteignent 90 ans avec un capital épuisé», fait valoir M. L'Hostie.

Une des inquiétudes de Josée avait trait aux impôts qu'elles auraient à assumer sur les bénéfices de ses placements non enregistrés.

«D'année en année, je reçois moins de remboursement d'impôt et j'ai de plus en plus de revenus de placement à déclarer», constate-t-elle.

C'est la rançon régime de retraite généreux, mais elle peut réduire les dégâts en concentrant dans ses placements non enregistrés les revenus en dividendes et les gains en capital, qui sont moins imposés que les revenus d'intérêt.

Enfin, dernière question: «Quel pourcentage de mon salaire dois-je épargner annuellement afin d'avoir sensiblement le même niveau de vie à la retraite?»

Les paramètres sont trop nombreux pour dégager une réponse simple, répond notre expert.

On estime généralement qu'un retraité peut maintenir le niveau de vie de sa vie active s'il touche un revenu équivalant à 70% de celui précédant la retraite, rappelle-t-il. «Mais on tend maintenant vers les 80%.»