La télé ne marchait pas, mais les audiences préliminaires du procès pénal de Vincent Lacroix ont quand même progressé vendredi, avec le rejet par un juge d'une requête préliminaire de l'ex-président de Norbourg.

La télé ne marchait pas, mais les audiences préliminaires du procès pénal de Vincent Lacroix ont quand même progressé vendredi, avec le rejet par un juge d'une requête préliminaire de l'ex-président de Norbourg.

Le juge André Leblond a rejeté les arguments de M. Lacroix, qui plaidait que 27 des 51 chefs d'accusation contre lui sont trop imprécis.

Ces 27 chefs d'accusation expliquent autant d'occasions où M. Lacroix aurait manipulé la valeur du titre de Norbourg.

La Cour a aussi entendu, vendredi, une autre requête de M. Lacroix, qui demande rien de moins que l'arrêt du processus judiciaire.

Selon l'accusé, l'hypermédiatisation du scandale Norbourg a rendu impossible qu'il reçoive un procès juste et équitable. Or depuis l'éclatement du scandale, en août 2005, l'Autorité des marchés financiers et le gouvernement du Québec ont exacerbé par leurs déclarations la médiatisation de l'affaire, plaide M. Lacroix.

À un point tel, dit-il, que cela a «contaminé plusieurs processus» judiciaires.

M. Lacroix en a particulièrement contre les déclarations du président de l'AMF, Jean Saint-Gelais, qui a tenu des propos très directs à son endroit le 10 mars 2006, lors d'une conférence de presse où il a annoncé les accusations contre M. Lacroix.

M. Saint-Gelais avait déclaré que M. Lacroix «méprise les investisseurs autant que les institutions», affirmant qu'il avait "détourné l'argent de milliers d'investisseurs», avant de conclure: «Il est intolérable de croire que les fraudeurs puissent s'en tirer facilement.»

M. Lacroix avait l'intention, vendredi, de faire entendre la cassette vidéo de la conférence de presse où M. Saint-Gelais l'a varlopé en direct «à une heure de hautes cotes d'écoute». Mais le lecteur vidéo ou le téléviseur était défectueux, et le volume était trop bas pour que le juge entende.

M. Lacroix a tenté d'augmenter le volume, essayant tous les boutons. Un constable du tribunal, puis un technicien appelé en renfort ont essayé d'arranger le magnétophone récalcitrant. On se serait cru dans un film de Woody Allen.

Même l'avocat de la défense, Éric Downs, a tenté de faire marcher l'appareil, et c'était attendrissant de voir Me Downs et son accusé, pour une fois, unis dans le même dessein d'aider à l'avancement de la justice.

En désespoir de cause, le technicien a offert d'aller chercher un autre engin, mais M. Lacroix a mis fin à cet épisode: «Oh, tant pis, oubliez ça, je vais laisser faire pour la vidéo.»

Le juge a indiqué qu'il rendrait sa décision sur cette requête le 2 mai.

M. Lacroix a aussi indiqué qu'il a l'intention de faire témoigner son ancien bras droit et vice-président Finances chez Norbourg, Éric Asselin, qui est aussi un ancien enquêteur de la Commission des valeurs mobilières du Québec (remplacée depuis par l'AMF).