Les gouvernements et les entreprises mondiales doivent agir sans délai pour réduire les risques liés au changement climatique qui devraient faire l'objet d'un débat plus important aux États-Unis, a estimé vendredi Peter Levene, président du groupe d'assurance britannique Lloyd's.

Les gouvernements et les entreprises mondiales doivent agir sans délai pour réduire les risques liés au changement climatique qui devraient faire l'objet d'un débat plus important aux États-Unis, a estimé vendredi Peter Levene, président du groupe d'assurance britannique Lloyd's.

Il a également mis en garde contre la répétition de cyclones comme Katrina, qui avait dévasté la côte sud-est des États-Unis en 2005, mais qui cette fois-ci frapperaient la côte Atlantique, où se trouvent des villes comme New York, Boston et Washington.

«Le secteur de l'assurance aujourd'hui est confronté au risque d'une méga-catastrophe de 100 milliards de dollars, deux fois plus grave que Katrina», a affirmé M. Levene lors d'une conférence de presse à Washington.

Il a reconnu avoir été lui-même sceptique dans le passé sur la réalité des changements climatiques. «Nous ne pouvons nous permettre de réfuter les risques de catastrophes. Alors, deux ans après Katrina et un an avant l'élection présidentielle américaine, où est le débat national sur ce thème?», s'est-il interrogé vendredi.

Lloyd's, l'un des premiers groupes d'assurance mondial, va lui-même devoir rembourser six milliards de dollars de dommages à la suite de Katrina.

«Dans les prochaines années, le réchauffement des eaux de surface va augmenter le risque d'ouragans qui frapperont les terres et des cyclones dévastateurs sont probables», a-t-il estimé en ajoutant que la «saison des cyclones va s'allonger et s'étendre à une zone plus grande qu'auparavant».

Il a appelé à un renforcement des normes de construction sur les zones côtières américaines et à une campagne d'information du public sur l'augmentation des risques.

M. Levene a estimé que la plupart des risques naturels peuvent être assurés si les forces du marché opèrent librement.

Certaines grandes sociétés d'assurance américaines comme State Farm et Allstate ont décidé de ne plus accepter de nouvelles polices pour plusieurs zones de la côte Atlantique en raison des craintes de voir un cyclone les dévaster.

Le président de la Lloyd's a critiqué la réglementation américaine qui, selon lui, établit une discrimination contre les assureurs étrangers en les obligeant à fournir des collatéraux équivalents à 11% de leurs encours de risque. «Les assureurs nationaux n'ont pas de telles obligations», a-t-il souligné.

Le président républicain américain George W. Bush a refusé de signer le protocole de Kyoto sur la lutte contre le réchauffement climatique. Mais M. Levene a rappelé que de nombreux États ou villes américaines s'étaient fixé des objectifs volontaristes de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Selon lui, lutter contre le réchauffement climatique est un bon calcul économique et peut permettre aux entreprises d'épargner des centaines de millions de dollars. Il a cité un programme du groupe chimique américain DuPont qui lui permet de réduire ses dépenses en énergie tout en réduisant ses émissions polluantes.

«Même si nous arrêtions toutes les émissions de dioxyde de carbone (CO2) provenant des activités humaines aujourd'hui, nous devrions toujours faire face à trente années de réchauffement avant que l'effet ne se fasse sentir», a-t-il dit.

«Mais nous ne devons pas utiliser cette excuse pour ne rien faire. L'histoire et les futures générations ne nous pardonneront pas si nous le faisons pas».