Rappelez-vous la dernière fois où vous étiez tellement absorbé que le temps semblait suspendu. Vous étiez en état de flow, que les sportifs appellent «être dans la zone».

Rappelez-vous la dernière fois où vous étiez tellement absorbé que le temps semblait suspendu. Vous étiez en état de flow, que les sportifs appellent «être dans la zone».

Cet état peut être atteint au travail... Voici l'autopsie d'un phénomène positif.

Le psychologue «positif» hongrois Mihalyi Csikszentmihalyi réalise les premières études sur l'état de flow dans les années 1970, afin de mieux comprendre le plaisir ressenti par les individus pratiquant les arts ou la musique, en l'absence de renforcement extérieur.

Cet état psychologique a été baptisé flow par Csikszentmihalyi, car la plupart des individus disaient, en décrivant ces épisodes, que tout coulait de source. En anglais, it flows...

Les trois principes de base

Il y aurait trois principes de base pour connaître le flow au travail.

1. Le plaisir ne vient pas seul, il demande des efforts soutenus et dirigés. Le plaisir n'est pas un état passif, mais bien une démarche de quête de soi, plus ou moins ardue, où l'individu doit chercher activement à connaître les valeurs donnant sens à son travail et, en définitive, à sa vie.

Ce n'est qu'après s'être imposé un interrogatoire en règle avec lui-même qu'un individu est en mesure de faire le bon choix d'employeur, de carrière ou de champ d'études.

2. Pour avoir du plaisir, il doit y avoir adéquation entre les valeurs et les capacités de l'individu, et les tâches qu'il exécute. Lorsque quelqu'un est bien adapté à son travail, on dit en langage courant, qu'il fit.

En psychologie, on parle d'adéquation, d'équilibre, de résonance, de consistance ou encore d'harmonie... Mais comment choisir un emploi qui nous corresponde ? Il est souhaitable de percevoir son travail comme une vocation.

«Make your vocation your vacation», suggère un dicton anglais. La recherche de sens arrive donc première, devant l'argent et la carrière.

En milieu de travail, les bénéfices de cette motivation de l'intérieur sont impressionnants. Les individus sont en meilleure santé physique, ils ont moins de pensées négatives et ils sont plus performants.

3. Pour éprouver du plaisir, on est appelé à se mettre au défi, à tester ses limites. Il est très important de bien jumeler compétences et tâches. Un défi trop élevé génère anxiété et stress, alors qu'un défi qui n'en est pas un suscite ennui et apathie.

Aussi, contrairement au sens commun, les individus auraient souvent plus de plaisir au travail que dans leurs loisirs. En effet, si le travail permet d'utiliser optimalement nos compétences, on peut y expérimenter des épisodes intenses d'absorption, de concentration et de plaisir.

Entrer dans le flow

Le psychologue américain Robert Harmison a démontré qu'il est possible d'exercer le «muscle» de la performance psychologique.

Selon ce même chercheur, les techniques d'entraînement psychologique en sport sont facilement transférables au monde du travail: préparation optimale, perception positive de la performance, focalisation sur la tâche, confiance et attitude positive, interactions positives avec les collègues, etc.

Les compagnies appliquant ces principes pourraient trouver là un avantage compétitif indéniable sur leurs concurrents.

Le plaisir au travail augmente le bien-être, est contagieux et peut prévenir les problèmes de burn-out. Cependant, c'est un état transitoire. Des méthodes peuvent favoriser et stimuler cet état, mais elles demandent des efforts et ne sont pas infaillibles. Il faut avoir des attentes réalistes.

Bref, il est possible d'avoir du plaisir au travail, à condition d'y mettre des efforts soutenus, dirigés et encadrés. Comme Confucius l'a si bien dit : «La personne qui prend plaisir à travailler ne travaillera plus jamais.»