S'asseoir et se creuser les méninges. C'est ce que feront les comités de direction de bien des fiducies de revenu canadiennes au cours des prochains mois.

S'asseoir et se creuser les méninges. C'est ce que feront les comités de direction de bien des fiducies de revenu canadiennes au cours des prochains mois.

"On a jusqu'en 2011, alors je pense qu'on va avoir le temps de se revirer de bord et d'évaluer comme il faut l'impact", a indiqué hier à La Presse Affaires Carl Gauvreau, vice-président finances et chef de la direction financière du Fonds de revenu Hartco (HCI.UN) (qui possède notamment la bannière CompuSmart).

Mardi, le ministre fédéral des Finances a créé une onde de choc en annonçant la création d'un nouvel impôt sur les distributions versées par les fiducies de revenu. Avec cette mesure, Ottawa espère remettre la main sur des centaines de millions de dollars en recettes fiscales qui lui échappent chaque année à cause de la structure financière des fiducies.

La nouvelle taxe s'appliquera à toutes les nouvelles fiducies, mais celles créées avant le 1er novembre (hier) bénéficieront d'une exemption jusqu'en 2011. Malgré ce répit, leur valeur a dégringolé hier, encaissant dans certains cas une chute brutale.

Le Groupe Pages jaunes (YLO.UN), qui fait figure de géant avec une valeur boursière de 8 milliards de dollars, a vu son titre reculer de près de 19% à la Bourse de Toronto.

D'autres fonds québécois ont aussi beaucoup chuté, comme Medisys Health (MHG.UN) (-25%), Transforce (TIF.UN) (-19%), Genivar (GNV.UN) (-18%) et Bell Nordiq (BNQ.UN) (-17%).

Bien des dirigeants de fiducies joints par La Presse Affaires hier ont préféré limiter au minimum leurs commentaires ou ont refusé de parler ouvertement de la question. Ce qu'on nous a dit, en général, c'est que les réunions et analyses sur la question seront nombreuses au cours des prochaines semaines pour déterminer les options possibles.

Investisseurs inquiets

Chose certaine, la décision d'Ottawa a inquiété bien des investisseurs. Chez Innergex Énergie, une fiducie qui détient et exploite des centrales hydroélectriques en Amérique du Nord (et dont le titre a perdu 12,5% hier), le téléphone n'a pas dérougi. "C'est sûr que c'est une matinée occupée, on ne peut pas dire le contraire", a souligné Jean Trudel, vice-président aux finances.

Les représentants officiels de l'industrie sont quant à eux catastrophés par la décision du ministre Jim Flaherty.

"La décision surprise du gouvernement d'imposer les fiducies de revenu a eu un effet dramatique et dommageable sur le marché des capitaux. En une seule journée, aujourd'hui, 20 milliards de dollars de capitalisation boursière ont été perdus", a déploré George Kesteven, président de l'Association canadienne des fonds de revenu, pendant une téléconférence.

Chez Aéroplan (AER.UN), programme de fidélisation des voyageurs d'Air Canada transformé en fiducie à l'été 2005, on s'est montré plus calme. "Notre modèle d'affaires ne dépend pas d'une structure en particulier", a laconiquement indiqué la porte-parole, Michèle Meier.