Puisque la montagne ne vient pas à eux, des restaurateurs ont décidé de la prendre d'assaut. Aujourd'hui, le Groupe Restos Plaisirs, Ashton, St-Hubert et Normandin - tous aux prises avec l'épidémie de rareté de main-d'oeuvre - s'installeront au Centre local d'emploi de Sainte-Foy pour courtiser les personnes sans emploi et les prestataires de l'aide sociale.

Puisque la montagne ne vient pas à eux, des restaurateurs ont décidé de la prendre d'assaut. Aujourd'hui, le Groupe Restos Plaisirs, Ashton, St-Hubert et Normandin - tous aux prises avec l'épidémie de rareté de main-d'oeuvre - s'installeront au Centre local d'emploi de Sainte-Foy pour courtiser les personnes sans emploi et les prestataires de l'aide sociale.

«La gravité de la pénurie nous oblige à être présents partout pour recruter les employés dont nous avons besoin», explique Brigitte Doyon, vice-présidente aux ressources humaines aux restaurants Chez Ashton.

Délaissant leur rivalité commerciale et appuyés dans leur démarche par la Chambre de commerce de Québec, les restaurateurs offriront, pour l'occasion, 150 postes: chef cuisinier, aide-cuisinier, pâtissier, serveur, plongeur, commis-débarrasseur, personnel d'entretien et hôtesse.

Il faut comprendre qu'il s'agit là que de la pointe de l'iceberg puisque le site d'Emploi Québec affichait, hier, 705 postes de serveur et 376 postes de cuisinier disponibles dans la région de la Capitale-Nationale.

La difficulté n'est pas de recruter des travailleurs à pourboire, mais plutôt des employés pour la cuisine et la réception des clients.

Avant de visiter, aujourd'hui, le CLE de Sainte-Foy (1020, route de l'Église, quatrième étage, entre 8 h 30 et 16 h 30), les restaurateurs se sont arrêtés, le 30 avril, à celui de Charlesbourg.

«Nous avions alors réussi à recruter deux personnes», note André Martin, du Groupe Martin qui est propriétaire de rôtisseries St-Hubert à Québec.

«Ce n'est pas beaucoup mais, au moins, on a trouvé du monde.»

En collaboration avec les centres locaux d'emploi, les employeurs ont choisi de visiter les CLE la dernière journée du mois, l'un des moments de forte affluence.

Conseiller au développement et en partenariat au CLE de Sainte-Foy, Stéphane Isabel explique qu'à chaque mois, un certain nombre de prestataires de l'aide sociale aptes à gagner leur croûte sont convoqués pour recevoir leur chèque. Une façon de vérifier s'ils font tous les efforts pour se dénicher un gagne-pain.

Ce mois-ci, à Sainte-Foy, 250 prestataires ont été convoqués. Il y en avait eu 1000, le mois dernier, à Charlesbourg.

«L'objectif est de favoriser la rencontre entre les chercheurs d'emploi et les employeurs», signale M. Isabel.

Le règne de l'Enfant-roi

À la veille de se pointer au CLE de Sainte-Foy, la copropriétaire du Groupe Restos Plaisirs, Josée Hallée ne se faisait pas trop d'idées.

«Si l'on réussit à trouver une ou deux personnes, on sera bien content», confiait-elle en ajoutant que si elle le pouvait, ses restaurants (Le Café du Monde, Le Cochon Dingue, Paris Grill et Le Lapin Sauté) embaucheraient 15 plongeurs sur-le-champ.

Le bas taux de chômage et le déclin démographique causent une «pénurie qui impose une pression épouvantable sur nos organisations», précise-t-elle en soulignant que les jeunes ne veulent rien savoir d'un boulot exigeant dans les cuisines des restaurants.

«L'ère de l'Enfant-roi bat son plein. Bosser le week-end, ça n'intéresse plus les jeunes. Leur priorité, c'est leur réseau d'amis. Lors des entrevues, ils ne s'informent pas de leur salaire mais plutôt de leurs jours de congé!»

«Ce n'est plus nous qui les choisissons mais eux qui nous choisissent», exprime Brigitte Doyon en soulignant que les employeurs doivent constamment réviser leurs horaires de travail pour satisfaire les besoins des employés.

Pour Louis McNeil, propriétaire des restaurants Cosmos, le problème va être encore plus criant à l'occasion des Fêtes des 400e. Il craint, entre autres, l'arrivée de fly by night qui offriront de gros salaires pour attirer des employés expérimentés et qui disparaîtront du paysage aussi rapidement qu'ils sont arrivés.

«Moi, c'est l'après-2008 et les années suivantes qui me font peur», intervient André Martin.

«On n'a pas fini de subir les contrecoups de la baisse démographique. Qui sait? On devra peut-être fermer des sections complètes de nos restaurants faute de personnel».