Cela saute aux yeux quand on regarde son portefeuille de placements : Josée travaille pour une banque canadienne.

Cela saute aux yeux quand on regarde son portefeuille de placements : Josée travaille pour une banque canadienne.

Au fil des ans, la dame de 39 ans a profité du programme de son employeur qui l'encourage à acheter des actions de la Banque. Elle en a accumulé pour 62 000 $ dans son REER. Bravo! Sauf que désormais le poids de ce titre écrase complètement son portefeuille.

C'est le grand défaut des programmes d'achat d'actions. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas en profiter. Au contraire, comme le patron défraie une partie du coût d'achat, pour les employés, c'est comme de l'argent trouvé!

«Mais il ne faut pas être marié au titre à jamais. Il faut en revendre un peu à chaque année, sinon plus souvent», recommande Gordon Gibson, premier vice-président et directeur général de la Financière Banque Nationale, qui s'est penché sur les actifs de Josée, dans le cadre de notre chronique Docteur Portefeuille.

L'important est de rééquilibrer son portefeuille. Autrement, on double ses risques : si l'entreprise tourne au vinaigre, l'employé peut perdre son boulot en même temps que ses épargnes s'évaporent.

D'ailleurs, M. Gibson a des frissons quand il voit des petites entreprises offrir de tels programmes dans le cadre du REER collectif de leurs employés. Certaines PME évoluent dans des secteurs à hauts risques. D'autres ne sont même pas inscrites en Bourse : leurs titres ne sont donc pas négociables. Une grande part des épargnes des employés en vue de la retraite, est alors concentrée dans un titre à haut risque.

Concentration extrême

Au total, les placements de Josée et de sa famille s'élèvent à 252 000$. De ce montant, 83 000$ sont investis dans le secteur bancaire, comme Josée possède aussi des actions de trois autres banques. Cela représente le tiers des actifs familiaux, sans compter les titres bancaires que renferment les fonds communs de son mari.

C'est beaucoup trop, surtout quand on tient compte du profil d'investisseur de Josée et son mari.

Même s'ils investissent à long terme, en vue de la retraite, Josée et son mari devraient investir environ 35% de leur portefeuille en titres à revenus, estime M. Gibson. Cela correspondrait davantage à leur niveau de tolérance au risque. Présentement, ils sont à 100% en actions. Il faudrait réduire.

À l'intérieur de leur portefeuille d'actions, Josée et son mari devraient aussi investir dans des titres étrangers, «surtout que le marché canadien a tellement bien fait depuis quatre ans», précise M. Gibson.

Selon lui, les portefeuilles de Josée et son mari nécessitent donc un repositionnement complet. Avant de faire leur faire une recommandation définitive, M. Gibson invite le couple à résoudre une «question philosophique» : Veulent-ils continuer à gérer chaque portefeuille en vase clos ou sont-ils prêts à considérer leurs actifs comme une seule unité?

La gestion en commun permettrait d'optimiser la fiscalité, dit M. Gibson. Par exemple, le couple insérerait tous les titres qui versent des intérêts (plus imposés que les dividendes et les gains en capital) dans leurs REER pour éviter l'impôt.

Le portefeuille idéal

D'une manière ou d'une autre, M. Gibson croit qu'un portefeuille constitué de fonds négociés en Bourse (FNB ou ETF en anglais) serait la solution idéale pour la famille de Josée.

Ces fonds sont des paniers d'actions calqué sur la composition d'un indice. Aucun gestionnaire ne fait de choix de placement. Alors les frais de gestion annuels sont minimes, environ 0,3%, par rapport à 2,25% pour les fonds communs.

On achète ces fonds directement à la Bourse, en passant par une firme de courtage (avec l'aide d'un conseiller ou soi-même par téléphone ou Internet moyennant des commissions réduites).

La Financière Banque Nationale a mis au point un portefeuille modèle composés d'une vingtaine de fonds, triés sur le volet.

On y trouve différents fonds d'obligations d'échéances variées, certains à rendements réels (pour se prémunir contre une éventuelle hausse de l'inflation), d'autres émises par des entreprises ou des pays de marchés émergents (une petite portion seulement car les rendements sont plus élevés, mais le risque est plus important).

Le portefeuille compte aussi six fonds d'actions qui, à eux seuls, permettent d'investir dans toutes les grandes entreprises de la planète : les soixante plus grandes entreprises canadiennes (S&P/TSX 60), les 500 plus grandes américaines (S&P500), ainsi que les géants de l'Europe (MSCI EAFE), de l'Asie et des marchés émergents.

En outre, le portefeuille réserve une part de 12% aux placements alternatifs. La raison est simple : Avec le temps, la corrélation est plus prononcée entre les actifs traditionnels. Peu importe le pays, les actions et les obligations fluctuent de plus en plus en tandem. «Pour réduire le risque, il est important d'aller vers d'autres catégories d'actifs», explique M. Gibson.

Certains fonds «alternatifs» investissent dans l'or, les matières premières, même les forêts. Ils permettent aux particuliers de diversifier leur portefeuille comme les investisseurs institutionnels... ou presque!

Est-ce grave docteur?

Question : Vendre ou patienter? «Je conserve Bombardier et Nortel dans l'espoir, bien minime, de récupérer mes pertes un jour!»

- Josée

Réponse : Erreur fréquente. Il faut prendre une décision de vendre en fonction de la valeur sous-jacente actuelle de l'entreprise, et non en fonction de sa valeur passée, dit M. Gibson.

De toute façon, la valeur des deux positions est minime (600 $ et 700 $). Si le titre quadruplait, ce serait bon pour l'ego! Mais il y aurait peu de différence sur l'ensemble du portefeuille.

Dans un portefeuille constitué de titres individuel, M. Gibson estime que chaque titre devrait représenter environ 2-3% du portefeuille (jusqu'à 5% pour une grosse position).