Les cours du pétrole ont fait une incursion sous le seuil des 53 dollars le baril jeudi, au plus bas depuis juin 2005, plombés par les températures trop élevées pour la saison aux Etats-Unis, sur un marché guettant la réponse de l'Opep à ce déclin des prix.

Les cours du pétrole ont fait une incursion sous le seuil des 53 dollars le baril jeudi, au plus bas depuis juin 2005, plombés par les températures trop élevées pour la saison aux Etats-Unis, sur un marché guettant la réponse de l'Opep à ce déclin des prix.

Vers 17H20 GMT (18H20 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février modérait sa chute, cédant 54 cents à 53,15 dollars, après avoir reculé à 52,60 dollars plus tôt dans la matinée, un prix plus vu depuis le 13 juin 2005.

Le baril de "light sweet crude" à New York perdait 60 cents à 53,42 dollars, sur l'échéance de février, après avoir chuté jusqu'à 52,94 dollars, un plus bas depuis le 9 juin 2005.

Malgré un faible rebond en milieu d'après-midi, la douceur des températures américaines et l'ampleur des stocks américains de produits distillés ont continué de peser sur le marché, frileux en cet hiver plus doux que de coutume.

Le rapport publié mercredi par le département de l'Energie américain (DoE) a fait état d'une augmentation beaucoup plus forte que prévu des stocks de produits distillés (diesel et fioul de chauffage), de 5,4 millions de barils, contre 2 millions attendus.

"Ce rapport était plutôt baissier, dans la mesure où il a signalé de solides hausses des stocks de produits distillés et d'essence, alors que les températures restent toujours relativement douces", a expliqué Kevin Norrish, analyste chez Barclays Capital à Londres.

La demande américaine en fioul de chauffage, actuellement bien inférieure aux normales saisonnières en raison du climat, a chuté à son plus bas niveau depuis cinq mois, selon le DoE.

Ces chiffres ont fait passer au second plan la baisse de 5 millions de barils des stocks de brut.

"Comme bien souvent en période de sentiment négatif, l'attention du marché s'est focalisée davantage sur la hausse des stocks de produits distillés et d'essence que sur la chute de ceux de brut", a résumé Kevin Norrish.

Les cours avaient commencé l'année autour de 61 dollars le baril avant de perdre plus de 8 dollars à Londres comme à New York, soit presque 14%.

Ce déclin des prix devrait accentuer la pression exercée sur l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui fournit 40% du brut mondial, et voit sans doute fondre sa rente d'un mauvais oeil.

Le panier de l'Opep, moyenne des onze bruts produits par les membres du cartel, valait mercredi 50,56 dollars le baril, son plus bas niveau depuis novembre 2005, un niveau jugé "cinq dollars trop bas au goût de l'Opep", selon Kevin Norrish.

Le ministre du Pétrole des Emirats arabes unis, Mohammad Al-Hamili, a reconnu jeudi que l'Opep était "inquiète", et que ses membres se consultaient régulièrement au sujet de la chute des cours.

Le cartel avait décidé en octobre d'une baisse de production de 1,2 million de barils par jour, applicable au 1er novembre. Les analystes estiment toutefois qu'il n'a pas tenu ses engagements. A la mi-décembre, les différentes estimations faisaient état d'une baisse réelle de production de 500 à 800.000 barils par jour seulement.

Une nouvelle baisse théorique de 500.000 barils par jour, décidée à la mi-décembre à Abuja (Nigeria) doit entrer en vigueur au 1er février. Elle pourrait cependant prendre effet plus vite que prévu.

Selon Mike Wittner, analyste chez Calyon, deux hypothèses sont envisageables: "soit l'Opep décide d'appliquer plus sérieusement les baisses de production déjà fixées, soit ils décident de réduire leur production de manière plus drastique après février, de plus de 500,000 barils par jour."