Porter Airlines, une nouvelle entreprise torontoise qui lance un service régional ce mois-ci, a choisi le raton laveur comme mascotte. Robert Deluce, PDG de la compagnie, qualifie l'animal de " petite bête couineuse " déterminée à gagner.

Porter Airlines, une nouvelle entreprise torontoise qui lance un service régional ce mois-ci, a choisi le raton laveur comme mascotte. Robert Deluce, PDG de la compagnie, qualifie l'animal de " petite bête couineuse " déterminée à gagner.

Mais aux yeux des sociétés aériennes concurrentes, du maire de Toronto et de certains résidants de la ville, c'est un autre aspect du raton laveur qui vient à l'esprit: cette créature nuisible reconnue pour fouiller dans les poubelles.

Porter, dont le siège se trouve au Toronto City Centre Airport, à huit minutes du district financier, compte sur l'appui des voyageurs d'affaires pour compenser les récriminations du milieu. Le côté pratique est la clé de l'affaire, car l'aéroport international Pearson se trouve à 45 minutes en taxi. Pour leur part, les opposants soulignent que plus de vols près du centre-ville ajouteront du bruit et de la pollution pas très bienvenus.

" La communauté des affaires n'a pas besoin de venir si près de ses bureaux de Toronto ", soutient Anne Broecker, 69 ans, qui vit près de la petite île portuaire où se trouve le petit aéroport. " Cela est tout simplement trop commode " ajoute-t-elle.

La nouvelle société aérienne, qui a recueilli 113 millions de dollars auprès d'investisseurs et qui a nommé Donald Carty, ancien patron d'American Airlines, au poste de président du conseil, explique que la ville a besoin d'une solution de rechange à l'aéroport Pearson. Du district financier de Bay Street, on peut se rendre au petit aéroport en taxi puis en traversier.

La solution de Porter sera attrayante si l'entreprise offre un service régulier et des prix " décents ", avance Raymond Protti, PDG de l'Association des banquiers canadiens.

" Je suis comme des centaines de milliers d'autres personnes qui utilisent cet aéroport ", confie M. Protti, 60 ans, qui se rend souvent à Ottawa.

Les critiques ne peuvent peut-être pas faire grand-chose à propos de Porter Airlines parce que l'aéroport, construit en 1937, relève du gouvernement fédéral, qui a approuvé les projets de la société aérienne le mois dernier.

" L'aéroport insulaire est une composante importante de l'infrastructure de la ville et il fournit à celle-ci un avantage concurrentiel ", estime Alan Tonks, un législateur du Parti libéral issu de Toronto.

Cela n'empêche pas les propriétaires d'appartements en copropriété donnant sur la rive, les politiciens (y compris le maire David Miller) et les résidants des petites îles du port d'être irrités à la perspective de vols additionnels. La Ville tente de revitaliser le secteur riverain qui comprend notamment une sucrerie, des entrepôts et une autoroute surélevée.

" Nous tentons de nettoyer la ville ", dit Mme Broecker, qui fait partie des 750 résidants des îles qui forment Toronto Island Park, dans le port, sur les berges du lac Ontario. Les îles, où l'on trouve notamment une plage nudiste et un parc d'attractions, sont à environ deux kilomètres du district d'affaires de Toronto.

Mme Broecker vit depuis 40 ans dans Ward's Island, où les résidants n'ont pas le droit d'utiliser de voiture.

L'Administration portuaire de Toronto, un organisme fédéral qui gère l'aéroport, s'attend à ce que le nombre de passagers atteigne 400 000 par année comparativement à 28 000 l'an dernier, a indiqué la PDG, Lisa Raitt.

Les groupes qui s'opposent à l'aéroport, comme CommunityAir, soutiennent que c'est là un trafic trop volumineux. Ces groupes ont conclu une alliance avec M. Miller, qui a remporté les élections à la mairie il y a trois ans après avoir promis de stopper les vols additionnels à l'aéroport et proposé la construction d'un pont qui relierait l'île.

" Il y a des dizaines de milliers d'emplois et le succès économique futur de Toronto en jeu dans la revitalisation du secteur riverain, lance M. Miller, 48 ans. Un aéroport commercial achalandé met tout cela en péril. "

L'utilisation de l'aéroport avait atteint un sommet en 1987, année où près de 400 000 passagers volaient à bord des appareils de City Express, entreprise aujourd'hui disparue, à destination de Montréal, Ottawa et Newark, au New Jersey, rappelle Mme Raitt.

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