General Motors pourrait faire face à une bataille de procurations destinée à faire élire un nouveau conseil d'administration après la démission d'un administrateur qui a critiqué le rejet par l'entreprise d'une alliance dont rêvait l'investisseur milliardaire Kirk Kerkorian.

General Motors pourrait faire face à une bataille de procurations destinée à faire élire un nouveau conseil d'administration après la démission d'un administrateur qui a critiqué le rejet par l'entreprise d'une alliance dont rêvait l'investisseur milliardaire Kirk Kerkorian.

Le départ, vendredi dernier, de Jerome York, lieutenant de M. Kerkorian, accompagné d'une lettre critiquant le conseil d'administration de GM, augmente la possibilité d'une bataille de procurations et exerce plus de pression sur Rick Wagoner, PDG de GM, pour requinquer le premier constructeur d'automobiles au monde, soutient John Casesa, analyste de Casesa Strategic Advisors, à New York.

" Le spectre d'une plus grande hostilité de la part de M. Kerkorian ajoute une dimension d'urgence à une situation déjà urgente ", ajoute M. Casesa.

Bataille justifiée

Une bataille de procurations pourrait être justifiée, estime pour sa part Bill Smith, PDG de Smith Asset Management, à New York, qui détient environ 60 000 actions de GM.

" En fait, je serais en faveur d'une telle initiative, indique-t-il. Il y a beaucoup de bois mort au sein du conseil d'administration de GM. "

Tant que M. Kerkorian, quatrième actionnaire en importance de l'entreprise, se montre ouvertement critique, M. Wagoner, 53 ans, devra poursuivre les efforts pour remettre la firme sur rails à la suite de la perte de 10,6 milliards US subie l'an dernier, avance M. Casesa.

Par exemple, M. Wagoner pourrait devoir adopter une ligne plus dure face au syndicat United Auto Workers sur la question des emplois et des soins de santé, dit M. Casesa.

M. York, 68 ans, a démissionné deux jours après que GM eut annoncé la fin des pourparlers sur une éventuelle alliance avec Nissan et Renault, deux constructeurs ayant à leur tête Carlos Ghosn. M. Kerkorian, 89 ans, a indiqué dans une déposition aux autorités réglementaires qu'il pourrait ne plus acheter d'actions de GM. Il annonçait aussi dans cette la lettre la démission de M. York.

Cela a fait en sorte que le titre de GM a chuté de 6,3 %, à 31,05 $US, faisant disparaître en fumée 1,18 milliard US en capitalisation boursière de l'entreprise. Huit jours auparavant, M. Kerkorian avait indiqué qu'il songeait à augmenter à 12 % sa participation dans GM. Hier, l'action de GM gagnait 22 cents US, à 31,27 $US, à la Bourse de New York.

Le titre a fait un bond de 61 % cette année, meilleure performance parmi les membres du Dow Jones.

Carrie Bloom, porte-parole de Tracinda Corp., la société de M. Kerkorian, a refusé de faire des commentaires sur la stratégie de son patron. Il a jusqu'au 5 février prochain pour soumettre des candidatures aux postes d'administrateur de GM en vue de l'assemblée générale annuelle de 2007, en juin.

Note de D

Nell Minow, rédactrice de Corporate Library, à Portland, dans le Maine, dit qu'elle accorde aux administrateurs de GM la note " D " pour leur performance d'ensemble, ajoutant qu'ils n'ont pas su régler les problèmes de compétitivité de l'entreprise.

" Ce que je retire de mes discussions avec des acteurs de la communauté d'investisseurs, c'est que la direction de GM n'a peut-être pas le niveau de soutien qu'elle pense ", dit Mme Minow.

Fort de ses 56 millions d'actions, ou 9,9 % du total, M. Kerkorian peut continuer à exercer de la pression sur M. Wagoner même sans bataille de procurations. " Si M. Wagoner commet une grave erreur, on verra alors M. Kerkorian l'attaquer sans pitié ", a dit Eugene Jennings, professeur émérite de la Michigan State University, à East Lansing.

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