Les chiffres de l'emploi focalisent plus que jamais les regards aux Etats-Unis dans un contexte d'incertitudes sur le ralentissement de la croissance, mais certains économistes avertissent qu'ils risquent d'être de plus en plus difficiles à décoder.

Les chiffres de l'emploi focalisent plus que jamais les regards aux Etats-Unis dans un contexte d'incertitudes sur le ralentissement de la croissance, mais certains économistes avertissent qu'ils risquent d'être de plus en plus difficiles à décoder.

Jeudi le département du Travail a indiqué que les demandes hebdomadaires d'allocations chômage avaient augmenté de 14.000 au cours de la semaine achevée le 29 juillet par rapport à la précédente, pour s'inscrire à 315.000.

C'est une petite déception pour les analystes, qui tablaient sur 308.000 demandes d'allocations.

Mais le plat de résistance sera vendredi le rapport de l'emploi de juillet, publié par le gouvernement, très attendu à quatre jours de la prochaine réunion de la banque centrale.

Ce rapport est traditionnellement considéré comme l'un des indicateurs les plus importants de l'économie américaine. Il est attendu avec une anxiété toute particulière cette fois car personne ne sait exactement comment la croissance est en train de négocier son atterrissage.

De ces chiffres dépendra grandement la décision de la Réserve fédérale (Fed) qui se réunit mardi pour réexaminer sa politique monétaire. Son principal taux directeur est pour le moment fixé à 5,25%.

Lundi encore, le président de la Fed de Saint-Louis, William Poole, chiffrait à "50-50" les chances d'une nouvelle hausse de taux, en soulignant que des indicateurs importants devaient encore être publiés avant la réunion du 8 août.

Le consensus sur les marchés est de 145.000 créations d'emplois en juillet après 121.000 en juin.

Divers facteurs rendent les pronostics difficiles.

D'un côté plusieurs indices sur l'emploi se sont améliorés en juillet (comme celui de l'activité industrielle dans la région de Philadelphie ou les indices ISM des services ou de l'industrie).

Mais de l'autre les estimations du cabinet de gestion des ressources humaines ADP, très suivies par les marchés, ont déçu en faisant état de 99.000 emplois créés dans le secteur privé seulement le mois dernier.

Autre incertitude entourant le rapport sur l'emploi, sa méthode de calcul, régulièrement dénoncée par les analystes.

Les créations de postes sont calculées sur la base de données fournies par les entreprises, alors que le taux de chômage (4,6% actuellement) est établi avec des enquêtes auprès des ménages, et ces deux méthodes arrivent souvent à des décalages importants qu'il faut corriger ensuite.

Cela explique peut-être aussi l'énorme différence entre le rapport officiel de juin (121.000 embauches nettes) et les estimations d'ADP (368.000 dans le seul secteur privé), qui avait laissé les analystes perplexes.

Le dernier facteur rendant l'interprétation délicate est que l'économie est sans doute entrée dans un nouveau cycle structurel, requiérant moins de créations d'emplois pour absorber l'augmentation de la population active.

"150.000 créations d'emplois aujourd'hui traduisent la même vigueur de l'économie que 250.000 hier", estime Robert Brusca de FAO Economics.

Le président de la Fed Ben Bernanke avait souligné en juillet les modifications importantes de la croissance de la population active ces dernières décennies.

"Il semble que le nombre de créations d'emplois nécessaires chaque mois pour garder le taux de chômage constant soit plus bas aujourd'hui qu'il n'aurait été au début des années 1990 par exemple", avait-il ajouté, en estimant qu'il fallait environ 130.000 nouveaux emplois par mois pour absorber la hausse de la population active.

"Dans les prochaines années cela pourrait baisser à 100.000", selon lui.

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