Le patron de la Bourse de Montréal, Luc Bertrand, est déçu que son projet de fusion ait été rejeté par la Bourse de Toronto.

Le patron de la Bourse de Montréal, Luc Bertrand, est déçu que son projet de fusion ait été rejeté par la Bourse de Toronto.

La Bourse de Montréal avait bel et bien amorcé des discussions avec sa rivale ontarienne, a confirmé M. Bertrand, jeudi matin, en marge d'une conférence sur le réchauffement climatique, où il présentait son projet de Bourse du carbone.

Une entente aurait même été conclue, il y a quelques semaines. Elle prévoyait que M. Bertrand prenne les rênes de la nouvelle entité et que Montréal conserve sa mainmise sur les produits dérivés.

Or, le conseil d'administration de la Bourse de Toronto, a refusé de donner son feu vert. «Ce n'est pas nous qui avons suspendu les discussions», s'est borné à dire M. Bertrand.

En fait, le président du conseil de la Bourse de Toronto, Wayne Fox, n'aurait pas digéré qu'un Québécois devienne le patron de la nouvelle Bourse, selon la télévision de Radio-Canada. Une interprétation démentie jeudi par la Bourse de Toronto.

Malgré ce refus, M. Bertrand ne ferme pas la porte à une fusion avec la Bourse de Toronto. «Il n'y a pas un patron d'entreprise qui met une croix sur quoi que ce soit», a-t-il dit.

Toutefois, il déplore l'attitude de la Bourse de Toronto qui, selon lui, déploie beaucoup plus d'efforts à fragmenter le marché des produits dérivés qu'à consolider le marché des actions.

Il faut savoir qu'en 1999, les Bourses canadiennes ont conclu un accord de non-concurrence pour une période de 10 ans. La Bourse de Montréal a abandonné les actions pour défricher le créneau prometteur mais risqué des produits dérivés.

La Bourse de Toronto a obtenu l'exclusivité sur le marché des actions.

L'entente devait permettre à la Bourse de Toronto de rapatrier des parts de marché sur les titres de sociétés canadiennes qui sont inscrits à la fois à la Bourse canadienne et aux États-Unis.

«Je suis déçu qu'ils soient toujours à 50% des transactions sur les titres intercotés», dit M. Bertrand.

Du même souffle, il dénonce différentes décisions de la Bourse de Toronto dans le marché des produits dérivés.

«Est-ce qu'on va être obligé de jouer à la police? Aller devant un arbitre, ça prend du temps, a dit M. Bertrand. Mais on va définitivement annoncer quelque chose, une contre stratégie.»

Mais au lieu de se cannibaliser entre-elles, la Bourse de Montréal et la Bourse de Toronto devraient partir en quête d'acquisitions en Amérique du Sud ou en Asie, estime Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques.

À son avis, le projet de fusion est une erreur stratégique. «Les deux Bourses devraient se développer en parallèle. Il y a très peu de synergies entre les deux, dit-il. Ce n'est pas en additionnant deux Bourses domestiques qu'on fait une Bourse internationale.»