En neuf mois, la Chine a déjà battu son propre record annuel d'excédent commercial, une nouvelle attendue mais embarrassante à l'heure où ses partenaires américains et européens multiplient les pressions pour des échanges plus équitables.

En neuf mois, la Chine a déjà battu son propre record annuel d'excédent commercial, une nouvelle attendue mais embarrassante à l'heure où ses partenaires américains et européens multiplient les pressions pour des échanges plus équitables.

Les prouesses commerciales chinoises interviennent en effet alors que s'intensifient les recours devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ainsi que l'exaspération face à la sous-évaluation du yuan qui, selon les Occidentaux, donne un avantage concurrentiel injustifié aux exportations chinoises.

Entre janvier et septembre, le géant asiatique a engrangé 185,65 G$ US, contre 177,47 G$ US l'an passé, et vogue comme prévu vers le cap des 250 G$ US, voire plus, sur l'ensemble de l'année.

Économiste de Citic Securities, Chen Jijun table sur un surplus de 260 G$ US en fin d'année tandis que son confrère de Shenyin Wanguo Securities, Li Huiyong, parie même pour 280 G$ US.

L'un et l'autre se disent persuadés que l'emballement de l'excédent commercial ne peut qu'accroître la pression sur la monnaie chinoise.

«Un excédent de 200 G$ US, c'est particulièrement élevé. Cela va bien sûr augmenter la pression pour une réévaluation du yuan», dit Chen. «Le moins qu'on puisse dire c'est que cela ne va pas l'alléger», ajoute Li.

Très fortes ces dernières années de la part des États-Unis, qui ont engagé un «dialogue économique stratégique» avec la Chine notamment pour résoudre ce type de problèmes, les pressions des Européens se font à leur tour très insistantes.

D'autant que si le yuan s'est apprécié de 8 ou 9% depuis 27 mois face au dollar, il s'est en revanche déprécié face à l'euro dans une proportion similaire, de quelque 9%, depuis juillet 2005.

Cette semaine, les ministres des Finances de l'Union européenne réunis à Luxembourg sont passés à l'offensive sur la question des taux de change, décidant d'envoyer une délégation exceptionnelle débattre de cette question avec Beijing, comprenant les trois principaux dirigeants économiques de la zone euro.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean Claude Trichet, celui de l'Eurogroupe (forum des ministres des Finances de la zone euro) Jean-Claude Juncker, et le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia devraient se rendre en Chine avant la fin de l'année, «probablement en novembre», avant un sommet sino-européen prévu le 28 novembre à Lisbonne.

Européens comme Américains tentent de persuader la Chine que davantage de flexibilité de son régime des changes ne nuirait pas à son économie. Mais les autorités chinoises s'en tiennent à leur credo d'une appréciation «graduelle», doublée «d'une amélioration progressive» du système de change, le tout pour préserver absolument «la stabilité de la monnaie».

Si la sous-évaluation de cette monnaie explique pour ses partenaires occidentaux le large excédent de la Chine, elle n'est pas seule en cause.

Pièces automobiles, chaussures, papier d'art : les soupçons de dumping, subventions indues et autres problèmes abondent, se transformant depuis peu en procédures devant l'OMC.

Jeudi, les États-Unis ont lancé leur quatrième démarche auprès de l'OMC visant la Chine, pour s'insurger des restrictions posées par Beijing à l'importation de produits culturels américains.

Deux jours plus tôt, les aciéristes européens accusaient leurs homologues chinois de casser les prix sur ce marché en plein essor et les menaçaient d'une plainte anti-dumping.

Les chiffres publiés vendredi pourraient alimenter leur colère : depuis le début de l'année les exportations chinoises de produits sidérurgiques ont fait un bond de 73,3% tandis que, parallèlement, les importations déclinaient de 8,2%.