Qui ne serait pas tenté d'économiser un bon montant en achetant un démonstrateur, une voiture qui a servi pour des essais routiers par exemple, ou encore un meuble qui a passé quelques mois sur le plancher?

Qui ne serait pas tenté d'économiser un bon montant en achetant un démonstrateur, une voiture qui a servi pour des essais routiers par exemple, ou encore un meuble qui a passé quelques mois sur le plancher?

Il s'agit parfois d'une bonne affaire pour les consommateurs qui peuvent s'accommoder de quelques petites égratignures. Mais souvent, les commerçants ajoutent sur la facture la mention «vendu tel quel» ou «vendu tel de vu et examiné». Si l'objet fait défaut, ils s'en lavent les mains.

M. Ferrero s'est fait prendre chez Ikea. Il a acheté un démonstrateur parce qu'il était pressé. Le fauteuil inclinable dont il avait besoin, n'était plus en stock. Sept mois plus tard, le câble qui permet d'incliner le fauteuil a lâché.

M. Ferrero ne s'est pas fait d'illusion. Ikea garantit tous ses produits contre les défauts de construction, mais pas ceux qui sont vendus au rayon «tel quel».

M. Ferrero le savait: c'était écrit sur la facture. Mais il était convaincu de pouvoir au moins acheter une pièce de rechange pour faire la réparation lui-même.

Il s'est donc présenté au comptoir du service à la clientèle. Surprise!

«La pièce n'est pas disponible», lui a-t-on répondu. Alors que faire du fauteuil? L'envoyer au dépotoir? Que fait Ikea lorsque des fauteuils semblables, couvert par la garantie, se brisent?

«On tient certaines pièces. Mais nos produits sont fabriqués un peu partout. On ne peut pas faire venir des pièces de fournisseurs à l'autre bout du monde», a expliqué à La Presse Affaires, Julie Bélanger, directrice des services du magasin Ikea de Montréal.

Lorsqu'un meuble garanti fait défaut, Ikea l'échange carrément contre un neuf, ou encore le magasin offre un remboursement.

Mais dans le cas des démonstrateurs, Ikea ne démord pas de sa politique. Le client sait ce qu'il achète: On lui accorde d'ailleurs un rabais substantiel de 10 à 50%, selon les produits vendus «tel quel». Alors, pas d'échange!

C'est donc dire que pour les meubles qu'on achète pour longtemps, le rabais n'en vaut pas le coup. Par exemple, un client peut économiser 200$ sur un matelas «tel quel», mais il se privera d'une garantie de 25 ans. À vos risques et périls.

Mais les commerçants ont-ils le droit de vendre des produits «tel quel» sans aucune forme de garantie?

Stéphanie Poulin, avocate chez Option Consommateurs, explique que la mention «tel quel» fait plutôt référence à l'apparence du bien. Par exemple, si un consommateur décide d'acheter tel quel un meuble qui est égratigné, il ne pourra pas exiger par la suite que le fabricant masque cette égratignure.

Dans la mesure où le commerçant a divulgué le défaut avant l'achat, le consommateur est mal placé pour se plaindre. Mais lorsqu'il s'agit d'un vice caché, il en va tout autrement : le commerçant doit s'occuper du problème.

«Très souvent, les tribunaux interprètent les mentions «tel quel» ou «tel que vu et examiné» de manière restrictive, de façon à de pas écarter la garantie légale», explique Me Poulin.

Qu'est ce que la garantie légale? C'est une protection qui existe pour tous les produits, de par la Loi sur la protection du consommateur. L'article 38 stipule qu'un produit doit pouvoir servir, «à un usage normal pendant une durée raisonnable, eut égard à son prix.»

Évidemment, cette formulation laisse place à l'interprétation. Mais on peut imaginer qu'un fauteuil de 500$ devrait pouvoir servir plus longtemps que sept mois.

La Loi ajoute que le commerçant ou le fabricant doit fournir les pièces de rechange et les services de réparation si le produit nécessite un entretien.

Mais encore faut-il que le marchand respecte cette fameuse garantie légale. Autrement, le client devra se rendre devant les petites créances pour la faire appliquer.