Tout quitter pour aller travailler aux États-Unis? Des Canadiens sont tentés de le faire. Mais avec la montée fulgurante du dollar canadien, qui frôle les 94 cents US, les salaires américains semblent moins alléchants. La bonne santé de notre huard freine-t-elle l'exode des cerveaux ?

Tout quitter pour aller travailler aux États-Unis? Des Canadiens sont tentés de le faire. Mais avec la montée fulgurante du dollar canadien, qui frôle les 94 cents US, les salaires américains semblent moins alléchants. La bonne santé de notre huard freine-t-elle l'exode des cerveaux ?

«C'est sûr que ça devient moins intéressant», convient une conseillère en régime de retraite à Montréal, qui tient à garder l'anonymat. Il y a environ un an, la jeune femme a songé à quitter son emploi pour un poste similaire à Washington. Chez nos voisins, elle aurait gagné 70 000 $ US au lieu de 50 000 $ CAN, sans compter une prime de 20 000$.

«Le salaire était attirant», dit-elle. Elle a finalement décidé de rester au Québec et ne regrette pas sa décision.

L'équivalence salariale est une équation «qui peut avoir un effet sur le plan psychologique», avance Clément Gignac, économiste en chef à la Banque Nationale.

Ce spécialiste soutient toutefois que les perspectives d'emploi et le faible taux d'imposition aux États-Unis demeurent prioritaires lorsque vient le temps de prendre la décision de s'exiler aux États-Unis.

Selon Ross Finnie, professeur à l'École d'administration publique de l'Université Queen's, ce sont les travailleurs envoyés temporairement aux États-Unis ou très prochainement appelés à s'y rendre sur une base temporaire, qui seront surtout affectés par la montée en flèche du dollar canadien.

«Leurs revenus accumulés de l'autre côté de la frontière auront moins de valeur au Canada», souligne-t-il. Même chose pour les personnes en poste aux États-Unis et qui envoient de l'argent à leur famille au Canada.

Moins d'exodes

Augmentation du dollar canadien ou pas, les Canadiens sont de moins en moins tentés de quitter le pays. C'est ce que rapporte une étude menée par Statistique Canada en 2006.

Le nombre d'exilés entre 2000 et 2003 avait chuté de 27 000 à 15 000. Même les médecins sont moins portés à migrer. Selon un rapport de l'Institut canadien d'information sur la santé, en 2001, 555 médecins canadiens sont partis pratiquer à l'étranger.

En 2005, ils n'étaient plus que 186. Les Québécois francophones seraient oins enclins à quitter le pays que leurs concitoyens canadiens.

Clément Gignac rappelle aussi qu'en ce moment, le Canada connaît des perspectives économiques plus intéressantes que les États-Unis.

«Probablement que, pour cette année et l'an prochain, on connaîtra une croissance plus forte qu'aux États-Unis», dit-il, en soulignant que le Canada jouit d'un prix concurrentiel des matières premières, de finances publiques mieux ordonnées et d'un boom immobilier sans précédent.