Oubliez les manchettes des journaux. Malgré les fermetures d'usines en série et les emplois qui disparaissent par milliers, l'industrie forestière canadienne vivra bientôt une pénurie de main-d'oeuvre.

Oubliez les manchettes des journaux. Malgré les fermetures d'usines en série et les emplois qui disparaissent par milliers, l'industrie forestière canadienne vivra bientôt une pénurie de main-d'oeuvre.

C'est le message surprenant qu'ont lancé des PDG de ce secteur, hier, pendant une table ronde organisée par l'Association des produits forestiers du Canada. Ils ont invité les jeunes du pays à se défaire de leurs préjugés et à se tourner de nouveau vers le domaine de la forêt pour faire carrière.

"Plusieurs jeunes voient cette industrie pour ce qu'elle était, et non pour ce qu'elle est devenue. Aujourd'hui, c'est une industrie de haute technologie, excitante", a indiqué Hank Ketcham, président et chef de la direction de West Fraser Timber.

Même au Québec, où le secteur forestier traverse la pire crise de son histoire, le manque de travailleurs menace d'être criant, a fait valoir Jim Lopez, président et chef de la direction de Tembec.

"Il y a une pénurie, nous allons seulement commencer à le constater dans cinq ans. Quand je regarde les employés qui conduisent la machinerie dans la forêt, ils ont pour la plupart entre 50 et 55 ans et sont au bord de la retraite. Ce qui m'inquiète, c'est que je ne vois pas de jeunes de 20 ou 25 ans aller dans ce domaine", a dit M. Lopez à La Presse Affaires en marge de l'événement.

Problème retardé

Selon le grand patron de Tembec, la crise actuelle, avec ses milliers de pertes d'emplois, a seulement retardé l'éclosion du problème.

"S'il n'y avait pas eu ce gros déclin au Québec avec la commission Coulombe il y a deux ans, il n'y aurait pas assez de coupeurs de bois aujourd'hui au Québec, je vous le garantis", a-t-il dit.

Comme ses confrères, Jim Lopez insiste sur un point: l'industrie forestière a changé et il faut regarder au-delà des manchettes déprimantes pour voir les perspectives qu'offre ce secteur. Il fait notamment miroiter les nombreuses possibilités de voyage et les salaires élevés.

"Où ailleurs un jeune homme ou une femme de 23 ou 24 ans peut-il faire 50000 ou 60000$ par année? demande-t-il. Les salaires sont fantastiques dans cette industrie."

Les défis sont nombreux pour attirer les finissants. Les ingénieurs, par exemple, optent souvent pour des secteurs jugés plus high tech ou payants, comme l'industrie pétrolière en plein essor au Canada.

L'intérêt des jeunes semble être au plus bas, tellement que le British Columbia Institute of Technology a aboli le mois dernier deux programmes de foresterie. "Il y a 10 ans, on avait environ 100 étudiants dans le programme principal, maintenant nous sommes rendus à 17", a indiqué Allison Markin, porte-parole du BCIT, jointe à Vancouver.

Consolidation

Outre la question de la main-d'oeuvre, les PDG qui participaient hier à la table ronde ont répondu à de nombreuses questions du public. Ils ont notamment souligné l'importance de poursuivre la consolidation de l'industrie forestière et d'investir en innovation.

Les dirigeants ont aussi rappelé l'impact désastreux qu'a eu la montée du dollar canadien sur le secteur forestier.

Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Gary Lunn, a par ailleurs profité du congrès de l'Association des produits forestiers pour annoncer hier un investissement de 127,5 millions de dollars dans ce secteur.