Le Brésil a les moyens de remplacer en vingt ans 10% de la consommation mondiale d'essence en multipliant par près de quinze sa production d'éthanol de canne à sucre, sans détruire la forêt amazonienne, selon un projet élaboré en liaison avec le gouvernement brésilien et le groupe pétrolier Petrobras.

Le Brésil a les moyens de remplacer en vingt ans 10% de la consommation mondiale d'essence en multipliant par près de quinze sa production d'éthanol de canne à sucre, sans détruire la forêt amazonienne, selon un projet élaboré en liaison avec le gouvernement brésilien et le groupe pétrolier Petrobras.

Ce projet prévoit de porter les exportations d'éthanol brésilien à 200 milliards de litres d'ici à 20 ans, alors que le Brésil en produit 17 milliards actuellement, dont quelque 3 milliards sont exportés, a indiqué aux journalistes Rogerio Cesar Cerqueira Leite, physicien et professeur émérite à l'université de Campinas (Etat de Sao Paulo).

M. Cerqueira Leite a présenté ce projet vendredi devant la Fédération patronale de l'Etat de Sao Paulo (FIESP).

Pour le professeur, le Brésil peut développer très fortement sa production d'éthanol sans détruire la forêt tropicale ni mordre sur les terres à vocation alimentaire.

«Le Brésil a une énorme quantité de terres disponibles, nous n'avons pas besoin de pénétrer en Amazonie ni d'entrer en compétition avec l'agriculture alimentaire», a souligné l'universitaire.

«On peut le faire en occupant une petite partie des terres disponibles au Brésil, à l'exclusion de la forêt vierge, des zones protégées ou même des régions très en pente ou inadaptées», a-t-il assuré. Selon lui, il suffirait d'occuper 10% seulement des terres disponibles.

La culture de la canne à sucre occuperait ainsi moins de 30 millions d'hectares contre 5,6 millions actuellement, «une superficie qui n'est pas très significative», pour le spécialiste. Par comparaison, le soja occupe 20 millions d'hectares et l'élevage 200 millions ha.

Ce projet a été élaboré sur la base des techniques de production d'alcool actuellement utilisées au Brésil sans recourir à des technologies plus sophistiquées. «Pour produire ces quantités avec la technique de l'hydrolise, on aurait besoin d'à peine un tiers de la surface», a relevé l'universitaire.

Le projet prévoit l'extension de la culture de la canne sucre et la construction de distilleries dans pratiquement toutes les régions du Brésil, principalement dans le nord et le nord-est mais aussi dans le centre et le sud. En revanche dans l'Etat de Sao Paulo, la densité des usines à alcool est «déjà très élevée», a-t-il estimé.

Les investissements nécessaires s'élèveraient à 20 milliards de reals par an (près de 10 milliards de dollars) pendant les quatre à cinq premières années et iraient ensuite en diminuant. «Sur les sept à huit dernières années, le retour (sur investissement) couvre les montants investis», a indiqué M. Cerqueira Leite.

Le Brésil est déjà le pionnier de l'éthanol, avec une production au coude à coude avec celle des Etats-Unis et des exportations qui le placent au premier rang mondial.

Ce succès repose sur la commercialisation depuis 2003 de voitures bicarburant, consommant soit de l'essence mélangée à 20-25% d'alcool soit de l'éthanol pur, dont le parc s'élève déjà à plus de 2,6 millions de véhicules.

Les programmes de substitution de l'essence par les biocarburants se multiplient à travers le monde afin de réduire les rejets de gaz à effet de serre pour lutter contre le réchauffement climatique et de diminuer la dépendance à l'égard du pétrole.

L'Union européenne a prévu d'intégrer 5,75% de biocarburants dans l'essence consommée en 2010. Les Etats-Unis veulent réduire de 20% la consommation d'essence en dix ans, en développant notamment les carburants non fossiles.