Sans laitiers ni réseau de distribution, sans employés ni d'usine de transformation, les chances que le projet de relance de la laiterie Château de Buckingham se concrétise sont maintenant minces, sinon presque inexistantes.

Sans laitiers ni réseau de distribution, sans employés ni d'usine de transformation, les chances que le projet de relance de la laiterie Château de Buckingham se concrétise sont maintenant minces, sinon presque inexistantes.

Après les 25 employés d'usine de la laiterie qui ont accepté, la semaine dernière, les conditions de Nutrinor pour cesser la production à compter de la fin de décembre, 16 des 17 laitiers indépendants chargés de la distribution des produits Château ont conclu une entente de principe pour se joindre à la coopérative Agropur et à sa division Natrel du Québec, afin de commercialiser ses produits Québon et Ultra Lait.

Un seul laitier de Château a décliné l'offre puisqu'il distribue également des produits d'une autre compagnie concurrente à Natrel.

"En réalité, nous n'avions pas le choix de suivre car chacun des laitiers avait un contrat avec Château (Nutrinor) et ces contrats ont été vendus à Natrel. Si on refusait de se joindre à eux pour aller avec une autre compagnie, nous aurions écopé de grosses pénalités. De plus, ce qui est intéressant, c'est que Natrel nous garantit au moins le même volume de ventes que nous avons avec Nutrinor", a indiqué Daniel Guindon, un laitier du secteur Buckingham.

Comme il y a suffisamment d'employés de l'usine de transformation qui ont accepté de poursuivre la production du lait jusqu'à la fin décembre, les laitiers vont continuer à vendre les produits Château jusqu'au 31 décembre. Par la suite, la marque Château va disparaître, et à compter du 2 janvier 2007, les laitiers vont distribuer les produits Natrel de la division Québec, soit les marques Québon et Ultra Lait.

Natrel détient 85 % du marché laitier au Québec. L'Outaouais est la seule région de la province où ses produits sont moins connus. Château détient 35 % du marché outaouais.

D'autre part, Natrel aurait conclu une entente avec Nutrinor pour louer l'édifice de la laiterie Château pour une période d'un an pour la transformer en entrepôt en attendant qu'elle en construise une près de l'usine Weston, en bordure de l'autoroute 50, dans le secteur de l'aéroport de Gatineau.

Le comité de relance ne perd pas espoir

Malgré tout, le comité de relance de la laiterie Château ne perd pas espoir, même si les chances de sauver l'usine buckinoise sont plus minces que jamais.

En conférence de presse, hier, les dirigeants du comité ont annoncé leur intention de lancer un vaste mouvement de mobilisation pour s'opposer à la fermeture de la laiterie vieille de 63 ans.

"Ce n'est pas vrai que l'Outaouais fera les frais d'une bataille entre deux grosses coopératives. La fermeture, on rejette ça complètement", a dit Maxime Pedneault-Jobin en évoquant les tractations entre Nutrinor et Agropur.

Le mouvement pour la sauvegarde de la laiterie Château ralliera des laitiers, des citoyens, des gens qui ont travaillé pendant des années à la laiterie, des producteurs locaux, des politiciens, des consommateurs et des organismes socio-économiques.

Tant Nutrinor que le nouveau propriétaire ont intérêt à fermer la laiterie à tout jamais, ajoute Patrick Duguay du comité de relance. Nutrinor parce qu'elle ne faisait plus d'argent avec la laiterie. Et Agropur parce qu'elle élimine un concurrent gênant pour sa laiterie d'Ottawa. "On essaie de nous mettre devant un fait accompli, mais nous ne nous laisserons pas faire", a-t-il dit.