Il y a quelques semaines, Bombardier Aéronautique a semé la consternation au sein de son personnel en annonçant 1330 mises à pied, dont plus de 500 dans la région montréalaise.

Il y a quelques semaines, Bombardier Aéronautique a semé la consternation au sein de son personnel en annonçant 1330 mises à pied, dont plus de 500 dans la région montréalaise.

Le téléphone s'est alors mis à sonner au CAMAQ, le Comité sectoriel de la main-d'oeuvre en aérospatiale.

"Trois entreprises m'ont appelé pour savoir qui était mon contact à Bombardier parce qu'elles voulaient savoir s'il y avait des gens qui pouvaient correspondre à leurs besoins", dit le directeur général du CAMAQ, Serge Tremblay.

L'anecdote illustre bien le paradoxe que vit l'industrie aéronautique québécoise à l'heure actuelle: alors que Bombardier Aéronautique fait des mises à pied, le reste de l'industrie a parfois de la difficulté à trouver la main d'oeuvre nécessaire pour faire face à la croissance.

"Il y a beaucoup d'entreprises qui recrutent, note Louise Péloquin, directrice de l'École des métiers de l'aérospatiale (EMAM). Ça ne se fait pas à coup de centaines, comme ça se faisait avec Bombardier, mais ce sont quand même des emplois, et de bons emplois."

Si le recrutement représente un défi pour de grandes entreprises qui offrent des conditions salariales supérieures, comme Bell Helicopter Textron Canada et Pratt & Whitney Canada, c'est encore plus difficile pour les PME. Non seulement ont-elles de la difficulté à attirer de nouveaux employés, mais elles perdent parfois des acteurs, qu'elles ont formés elles-mêmes à grand prix, au profit des grands donneurs d'ordre.

"Éventuellement, il faudra s'asseoir avec les grosses sociétés, peut-être par l'entremise de l'Association québécoise de l'aérospatiale, pour s'aider au lieu de se nuire", déclare Eduardo Minicozzi, président de Minicut International, entreprise montréalaise spécialisée dans la fabrication d'outils de coupe pour l'industrie aéronautique.

Le directeur du développement des affaires de Bell Helicopter, Michel Legault, reconnaît que c'est une question importante pour l'ensemble de l'industrie.

"Si nos fournisseurs, comme présentement, ne parviennent pas à recruter, ils ne pourront pas nous fournir les pièces nécessaires."

Chez Héroux-Devtek, entreprise de Longueuil qui fabrique des composantes pour l'industrie aéronautique, comme des trains d'atterrissage, on essaie de conserver les employés en leur confiant des défis intéressants, en créant une culture d'entreprise attrayante.

"Ce n'est pas juste l'argent, il faut que ce soit le fun de venir travailler le matin", lance le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé.

Il s'attend toutefois à ce que la question de la main-d'oeuvre devienne plus délicate avec les années. "Il y a eu beaucoup moins d'étudiants qui se sont inscrits dans les écoles au cours des dernières années, explique-t-il. Et il y a la question de la démographie, chez Héroux comme ailleurs: les gens vont à la retraite graduellement."