Avec ses vêtements haut de gamme et ses nouveaux rayons de chaussures, la chaîne canadienne Holt Renfrew, de Toronto, veut doubler son chiffre d'affaires en cinq ans, à un milliard $.

Avec ses vêtements haut de gamme et ses nouveaux rayons de chaussures, la chaîne canadienne Holt Renfrew, de Toronto, veut doubler son chiffre d'affaires en cinq ans, à un milliard $.

Et son magasin de Montréal double déjà la croissance de ses ventes, à 18%.

La présidente du détaillant à capital fermé, Caryn Lerner, confirme à La Presse Affaires que les neuf magasins Holt Renfrew ont dépassé le cap des 500 M$ durant l'exercice annuel complété en février dernier.

La croissance atteint près de 15% chez Holt Renfrew au premier trimestre 2007, comparativement à 10% chez les détaillants américains Saks et Nordstrom, souligne Caryn Lerner.

Cette dernière a d'ailleurs occupé plusieurs postes de direction aux États-Unis, dont chez Bloomingdale's, avant d'arriver à la tête de Holt Renfrew en septembre 2004.

Après un partenariat de 14 ans avec Browns, la chaîne Holt Renfrew vient de reprendre la gestion de ses rayons de chaussures et avec succès, selon la présidente.

Les ventes de chaussures grimpent en effet de 45%, précise-t-elle, et la rétention des clients des boutiques exploitées jusque là par Browns atteint 60%.

En outre, 28% de la clientèle de Holt Renfrew n'avait jamais jusqu'ici acheté de souliers dans ses magasins. Avec ses chaussures, Holt Renfrew a de plus attiré 9% de nouveaux clients, souligne-t-elle.

Holt Renfrew reste par contre en mode apprentissage dans la chaussure. La présidente est en train de planifier pour 2008-2011 et va investir dans la chaussure d'ici un an ou deux, dit-elle.

Arrivant de New York, mardi dernier (15 mai), Caryn Lerner a justement pris un repas avec des clients influents de Montréal, pour écouter leurs conseils et évoquer les développements.

Le magasin de Montréal fait de gros progrès, selon son directeur général depuis le début de 2006, Stéphane Ledoux. La croissance des ventes est en effet passée de 3% en 2005 à 9% en 2006 et à 18% depuis février dernier.

Les affaires grimpent dans les chaussures (50%), les bijoux (57%) et les cosmétiques (20%). Les ventes de sacs à main (de 500$ à 6000$) montent de 32% et même de 40% dans les plus luxueux (jusqu'à 38 000$ pour les Hermès).

Holt Renfrew vient d'ailleurs d'investir à Montréal dans ses rayons de cosmétiques, de bijoux et d'accessoires, l'an dernier, et va rénover cette année son atrium et ajouter des designers de chaussures à sa gamme.

À Vancouver, Holt Renfrew ouvre son nouveau magasin le 31 mai prochain après des investissements de 50 M$. La présidente prévoit miser 60 M$ cette année dans l'amélioration de ses autres magasins, tout comme l'an dernier.

Avec 2400 employés au pays, dont 275 à Montréal, la chaîne profite d'un marché des produits de luxe «très solide», selon Mme Lerner.

Pourtant le marché du luxe est beaucoup plus vigoureux aux États-Unis qu'au Canada, réplique Jean Lambert, directeur de la recherche de l'International Council of Shopping Centers (ICSC), de New York.

«Les écarts de revenus entre riches et pauvres sont beaucoup plus grands aux États-Unis», explique Jean Lambert. «Au Canada, le marché du luxe se limite à Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver», dit-il.

Outre Holt Renfrew et Harry Rosen, de Toronto, le marché du luxe comprend Birks et Ogilvy, de Montréal. «Quelques détaillants canadiens ont tout de même réalisé une très bonne performance en 2006», note Jean Lambert.

«Aux États-Unis, le luxe est un des seuls segments du commerce qui allait encore bien en avril dernier, avec les pharmacies et les clubs de type Cotsco».

«Harry Rosen connaît une croissance de plus de 10% depuis trois ou quatre ans», assure le président du détaillent de vêtements pour hommes, Larry Rosen.

«Avril a été plus tranquille, parce que le printemps a pris du retard, mais la croissance d'Ogilvy est intéressante, surtout dans les sacs et les chaussures. La chicane entre Browns et Holt Renfrew a aidé Ogilvy», selon le président, Bernard Paré.