Vous voulez acheter une équipe de hockey? Ne vous fiez pas au statut de ses vedettes pour faire votre choix. Aussi talentueux et célèbres soient-ils, les joueurs exercent moins d'influence que les droits de diffusion, la propriété des installations ou les données démographiques.

Vous voulez acheter une équipe de hockey? Ne vous fiez pas au statut de ses vedettes pour faire votre choix. Aussi talentueux et célèbres soient-ils, les joueurs exercent moins d'influence que les droits de diffusion, la propriété des installations ou les données démographiques.

"La liste des joueurs ou la fiche de l'équipe ne sont pas très importants, explique Drew Dorweiler, expert en évaluation d'entreprises à la firme Wise Blackman, à Montréal. Ce sont plutôt des valeurs transitoires: les joueurs peuvent être blessés, échangés. Quand vous achetez une équipe de sport, vous devez avoir une perspective à long terme. Vous investissez pour une ou deux générations."

Les sacro-saints droits de diffusion, qui permettent d'engranger des millions, sont nettement plus importants et occupent le premier rang au classement des actifs.

Deuxième facteur: il est important d'être propriétaire du centre sportif et, mieux encore, de posséder une autre équipe sportive qui en partage l'usage.

L'heureux propriétaire peut ainsi céder le nom du centre sportif à fort prix.

"En nommant leur nouvel édifice Centre Molson, Molson s'est privée de 5 millions (de dollars) de revenus par année", observe M. Dorweiler.

Selon Marc Lavoie, professeur d'économie à l'Université d'Ottawa qui s'intéresse de près à la gestion du sport, la propriété des installations sportives présente en outre l'avantage non négligeable de permettre le transfert de revenus du compte de l'équipe à celui de l'immeuble.

Le propriétaire peut ainsi plaider auprès des autorités locales pour une baisse des impôts fonciers, en alléguant que l'équipe est déficitaire.

Enfin, s'il possède les installations sportives, le propriétaire de l'équipe n'est pas lié par un bail contraignant. Il peut ainsi transférer plus facilement l'équipe, ce qui est un autre facteur qui influence favorablement la valeur d'une équipe.

Les caractéristiques du marché local sont primordiales. La présence de riches sièges sociaux est une garantie de vente de riches sièges de loges.

La ville de Québec était désavantagée à cet égard. "C'est une ville de services gouvernementaux, souligne Drew Dorweiler. Il n'y a pas beaucoup de grands sièges sociaux susceptibles d'acheter des loges."

Mieux vaut un solide noyau d'amateurs indéfectibles -à Buffalo, par exemple- qu'un plus large marché qui boude notre sport national. Contre-exemple: les Hurricanes de la Caroline.

"Ils ont gagné la coupe Stanley l'an passé et il était très facile de trouver des billets, même dans les parties qui ont mené à leur conquête de la coupe Stanley, l'an passé", observe Drew Dorweiler.

"Prenez les Maple Leafs de Toronto, poursuit l'expert. Ils n'ont pas gagné la coupe Stanley depuis 1967 et ils vendent tous leurs billets. C'est une franchise très rentable."

Bon exemple, en effet: selon la plus récente évaluation de la revue Forbes, Toronto présente la valeur la plus élevée des équipes de la LNH, avec 332 millions US, devant les Rangers de New York (306 millions US). Montréal occupe le septième rang, affichant 230 millions US, en hausse de 18% depuis deux ans.

"George Gillett a acheté l'équipe à un prix très raisonnable", indique M. Dorweiler.

La valeur de la plupart des équipes a crû depuis un an en raison de la stabilité des relations de travail. "Depuis le lock-out, dit-il, la satisfaction des joueurs, le plafond salarial et la hausse du dollar canadiens ont aidé à augmenter la valeur des équipes canadiennes."

Quelle équipe offre la valeur la plus intéressante? "Tout bien considéré, Toronto, probablement."