En sortant du palais de justice de Montréal lundi, Vincent Lacroix a admis avoir commis une erreur stratégique en ne présentant pas de défense à son procès pénal.

En sortant du palais de justice de Montréal lundi, Vincent Lacroix a admis avoir commis une erreur stratégique en ne présentant pas de défense à son procès pénal.

L'ancien PDG de Norbourg, qui n'avait pas préparé la plaidoirie «d'au plus une journée» qu'il avait promis de livrer en Cour du Québec, le regrette maintenant car il a dû répondre aux questions du juge Claude Leblond en se servant uniquement de la preuve qui pèse contre lui.

«J'aurais dû présenter une défense, a dit M. Lacroix devant les micros. Comme je le dis depuis le début, il y a des retraits qui n'ont rien avoir avec des irrégularités.»

Vincent Lacroix n'a toutefois pas fait les efforts nécessaires pour le prouver même s'il était soumis aux questions incessantes du juge. Ce dernier cherchait à «provoquer une plaidoirie» et à donner la chance à l'accusé de contrer la preuve de l'Autorité des marchés financiers. Sans résultat.

Après avoir examiné 27 chefs d'accusation en matinée, le magistrat et l'accusé ont passé en revue durant l'après-midi les chefs 28 à 36, qui portent sur la production de faux documents financiers.

Aussi, ils se sont penchés sur les chefs 37, 44 et 49, qui portent sur de fausses données trouvées dans le système informatique interne de Norbourg. Les chiffres auraient entraîné une surévaluation des fonds chez Norbourg et donc faussé les documents financiers publics de la compagnie.

M. Lacroix a été incapable, malgré toutes les tentatives du juge, de soulever un seul point permettant de semer un doute raisonnable sur un seul chef d'accusation.

Vers la fin de l'audience, l'ancien patron de Norbourg a même admis «ne pas avoir fait les calculs» nécessaires sur les états financiers pour être en mesure de contrer la preuve de l'Autorité des marchés financiers.

C'est avec un air abattu que Vincent Lacroix s'est présenté devant les journalistes en fin d'après-midi.

«J'ai été surpris que toute la journée le juge me pose des questions, avoue-t-il. Je ne comprends pas le processus. Demain, je vais amener mes pièces pour continuer l'exercice. De ce que je comprends, je n'avais pas le choix [de répondre aux questions]. Je ne vois pas ce que j'aurais pu faire d'autre.»

Comment le PDG déchu peut-il expliquer pourquoi il ne s'est pas préparé à plaider même s'il risque la prison ?

«Quand on regarde l'ampleur des documents en deux semaines, répond-il, il n'était pas possible de lier tous les aspects que je voulais amener en plaidoirie. Je vais faire face aux procédures et on verra par après.»

Rappelons que Vincent Lacroix fait face à 51 chefs d'accusation pour avoir fait 115 M$ de retraits irréguliers et avoir contribué à la production de 111 faux documents à l'AMF.

Pour chaque chef, l'AMF demande cinq ans moins un jour de prison et une amende s'élevant jusqu'à 5 M$.