Les trois constructeurs automobiles américains devraient pouvoir ramener leur rentabilité opérationnelle à des niveaux plus proches de leurs rivaux japonais, estiment les analystes, après la signature d'un accord entre GM et le syndicat UAW.

Les trois constructeurs automobiles américains devraient pouvoir ramener leur rentabilité opérationnelle à des niveaux plus proches de leurs rivaux japonais, estiment les analystes, après la signature d'un accord entre GM et le syndicat UAW.

Même si les détails précis de l'accord de mercredi n'ont pas encore été rendus publics, les spécialistes du secteur estiment qu'il devrait permettre de diminuer de plus de moitié le handicap de GM en matière de coût salariaux, par rapport aux usines américaines de Toyota et d'autres.

Les coûts salariaux de GM sont actuellement supérieurs de près de 30 dollars/heure à ceux de ses rivaux nippons, qui n'emploient que du personnel jeune, dans des unités modernes où les syndicats sont proscrits.

L'accord entre GM et l'UAW, signé après 40 heures de grève nationale, devrait servir de patron aux négociations à venir avec Ford et Chrysler.

Les changements permis par l'accord sont «révolutionnaires», souligne Michael Robinet, analyste chez CSM Worldwide.

«Cela ne leur permet pas de faire jeu égal (avec les Japonais), mais ça commence à aller dans ce sens.»

GM va désormais avoir une plus grande visibilité sur le coût de la couverture médicale de ses retraités, même si le financement de la structure qui devrait reprendre ses engagements pourrait lui coûter quelque 36 milliards de dollars.

L'accord, qui court pendant quatre ans, prévoit par ailleurs d'importantes concessions du syndicat en matière de modération salariales.

Rob Lache, analyste chez Deutsche Bank, estime que l'accord pourrait améliorer le cash-flow libre du groupe de 2,7 à 2,8 milliards $ par an. Ses coûts horaires seraient réduits de 18 à 19$ l'heure.

Mais l'accord en lui même n'est pas suffisant pour compenser le déclin des «Big 3» de Detroit qui ne contrôlent plus que la moitié du marché américain.

«C'est sans aucun doute une partie de la solution, mais ce n'est pas la solution en soi», a relevé Jeremy Anwyl, président du cabinet Edmunds.com.

«La clef d'un succès à long terme, c'est de travailler du côté de l'offre».

Les «Big 3», il y a vingt ans encore en position d'oligopole, ont vu leur part de marché s'effondrer, lorsque les consommateurs se sont détournés - pétrole cher oblige - des puissants 4x4 qui constituaient une bonne partie de leur gamme.

Toyota vent désormais plus de voitures que Ford ou Chrysler aux États-Unis et a dépouillé GM de son rang de premier constructeur mondial.

«Le prochain obstacle, ils vont le rencontrer sur le marché. Sont-ils concurrentiels ? C'est la vraie question», s'interroge Erich Merkle, analyste chez IRN

Alors que GM a réussi à révitaliser sa gamme et à sortir plusieurs véhicules à succès, Chrysler s'est trompé à plusieurs reprises et Ford ne va pas assez vite pour sortir de nouveaux modèles, relève Aaron Bragman de Global Insight.

La liste des «défis sérieux de compétitivité» que doivent relever GM, Ford et Chrysler est longue, note Bruce Clark, de l'agence de notation Moody's: «la constraction de leur part de marché aux États-Unis, la nécessité de restaurer la rentabilité de leurs opérations automobiles, la désaffection continue des consommateurs envers les 4x4 et la baisse de la demande aux États-Unis résultant d'une moindre confiance des consommateurs».