Le magnat déchu des médias, Conrad Black, ne doit pas être condamné à une peine de prison uniquement parce qu'il est riche, a estimé mardi son avocat Edward Greenspan dans sa plaidoirie finale devant un tribunal de Chicago.

Le magnat déchu des médias, Conrad Black, ne doit pas être condamné à une peine de prison uniquement parce qu'il est riche, a estimé mardi son avocat Edward Greenspan dans sa plaidoirie finale devant un tribunal de Chicago.

«Conrad Black est différent. C'est un homme riche. Mais en Amérique on ne condamne pas quelqu'un parce qu'il est riche», a-t-il déclaré au jury.

L'avocat a accusé les procureurs d'insister sur le train de vie de l'accusé et le coût exorbitant de ses achats, comme des tapis orientaux, la «bouteille personnelle de Napoléon pendant sa campagne de Russie», d'une valeur de 12 000 $ US, ou une bague de 2,6 M$ US pour sa femme.

«Ils (les procureurs) espèrent, mesdames et messieurs du jury, que vous jugerez Conrad Black non pas pour des faits mais pour sa richesse, sa manière de parler», a-t-il dit.

Conrad Black et trois de ses associés sont accusés d'avoir détourné un total de 60 M$ US à travers un montage financier frauduleux lors de la vente d'actifs de Hollinger au groupe de presse CanWest en 2000.

Pour Me Greenspan, les procureurs n'ont pas réussi à prouver la culpabilité de Black et n'ont pu relier l'accusé au processus qu'à travers quelques prétendus coups de téléphone avec son associé, qui a passé un «accord» en échange de son témoignage.

L'ancien bras droit de Conrad Black, David Radler, cité par l'accusation, a plaidé coupable dans le cadre de cette affaire en échange d'une peine plus clémente de 29 mois de prison et de sa pleine collaboration lors du procès.

Lors de l'audience, il a accusé son ancien associé d'être directement responsable du détournement de millions de dollars des coffres de Hollinger International au profit de certains dirigeants de l'entreprise.

Selon Radler, Black avait mis au point un stratagème lui permettant d'empocher de coquettes sommes d'argent en frais de non-concurrence lors de la vente d'actifs de Hollinger à Canwest. Ce système aurait permis de récolter environ 84 M$ US.

Selon l'accusation, cet argent aurait dû revenir non à Black et ses co-accusés mais aux actionnaires de Hollinger International rebaptisé depuis Sun-Times Media Group.

«Il n'y a aucune preuve montrant que Conrad Black pensait que ces contrats n'étaient pas en règle», a encore déclaré l'avocat, avant de demander aux jurés de «prononcer un verdict de non culpabilité au nom de la justice et de l'égalité devant la loi».

Conrad Black risque jusqu'à 101 ans de prison s'il est reconnu coupable des accusations de fraude, obstruction à la justice, racket et évasion fiscale. Il a plaidé non coupable.

Dans ses belles années, Conrad Black était à la tête du troisième empire de presse au monde, incluant des titres comme le Daily Telegraph de Londres, le National Post de Toronto, le Jerusalem Post et le Chicago Sun-Times.