Le président sortant de la Banque Nationale, Réal Raymond, a encaissé 8,5 M$ en salaire, prime et valeur de levée d'options lors de son dernier exercice complet en poste.

Le président sortant de la Banque Nationale, Réal Raymond, a encaissé 8,5 M$ en salaire, prime et valeur de levée d'options lors de son dernier exercice complet en poste.

Cette rémunération était supérieure de 14% à celle de l'exercice précédent, une hausse presque de trois fois plus forte que la croissance du bénéfice par action de la banque (+5%) pour la même période.

Aussi, la hausse de rémunération de 14% de M. Raymond était le double du rendement moyen des actionnaires de la banque, qui fut de 7% en gain boursier et en dividendes, pour les 12 mois jusqu'au 31 octobre dernier.

C'est ce qui ressort de l'examen de la circulaire de direction annuelle que vient de déposer la Banque Nationale auprès des autorités boursières, en vue de son assemblée d'actionnaires du 7 mars prochain à Montréal.

D'ailleurs, cette assemblée s'annonce encore animée d'un débat sur la rémunération des hauts dirigeant de la banque.

Les actionnaires auront à voter sur des propositions spéciales inscrites par le Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC), dirigé par l'investisseur-activiste Yves Michaud, de Montréal.

Proposition

Parmi ces propositions, inscrites aussi aux assemblées des autres grandes banques, l'une demande «que la rémunération des hauts dirigeants soit en relation avec le salaire moyen des employés, les coûts de la banque et ses succès financiers».

En appui, le MEDAC cite une analyse de la caisse de retraite Teachers' de Toronto, un intervenant fréquent en régie d'entreprise.

Cette analyse publiée l'an dernier n'avait pu établir de corrélation entre les succès financiers des 60 plus grandes entreprises canadiennes, dont les banques, et la rémunération de leurs dirigeants.

La rémunération du président sortant de la Banque Nationale, Réal Raymond (notre photo), sera certainement un sujet chaud à l'assemblée des actionnaires du 7 mars prochain à Montréal.

Dans sa circulaire, la Banque Nationale affirme avoir une politique de rémunération de ses dirigeants selon des objectifs qui concernent notamment des mesures de rentabilité et de «satisfaction de la clientèle».

En comparaison, le principal concurrent de la Nationale au Québec, le Mouvement Desjardins, a payé son président Alban D'Amours 1,32 million en salaire et prime en 2005, selon son dernier rapport annuel disponible.

À la Banque Nationale, la circulaire précise que de la rémunération totale de 8,5 millions de son président en 2006, une part d'un million provenait du «salaire de base», inchangé en un an.

Une autre part de 1,5 million était constituée de primes, en baisse elles de 500 000 $ par rapport à l'année précédente. Toutefois, pour la deuxième année consécutive, c'est grâce à la levée d'options d'achat d'actions et de «droits de participation à la valeur ajoutée» (DPVA) que Réal Raymond a enrichi sa rémunération de quelques millions.

L'an dernier, il a encaissé de tels titres spéciaux pour une valeur de 4,79 millions. Il fut le seul parmi les cinq principaux dirigeants de la banque à transiger de la sorte.

Un an plus tôt, en 2005, M. Raymond avait encaissé pour 3,2 millions en options et en DPVA.

Vachon mieux payé ?

Par ailleurs, la circulaire de la Nationale montre que son prochain président désigné, Louis Vachon, 44 ans, est déjà un habitué des salaires millionnaires.

Il a encaissé 4,7 millions l'an dernier à titre de chef de l'exploitation et premier vice-président de la Banque Nationale.

De ce montant, seulement 444 000 $ ont été versés en salaire comme tel. Ce salaire bondira d'ailleurs à un million par an lorsque M. Vachon assumera la présidence, à compter de juin.

En 2006, la majeure partie de ses gains provenait de primes et " autre rémunération ", qui ont totalisé 4,3 millions.

Autre fait par ticul ier : la rémunération de 4,7 millions de Louis Vachon en 2006 fut inférieure à celle de l'exercice précédent, alors qu'il présidait la filiale boursière, Financière Banque Nationale (FBN).

En 2005, il avait encaissé 5,56 millions, dont la très majeure partie (5,1 millions) provenait de primes découlant des résultats forts de FBN, stimulés eux par la performance des marchés boursiers.

À cet égard, en fait, M. Vachon ne faisait pas exception à ce qui s'est passé dans les principales banques au Canada.

Les dirigeants des filiales boursières ont souvent des salaires et des primes qui rivalisent avec le président de la banque propriétaire, lorsque les marchés sont favorables.

À la Banque Nationale, d'ailleurs, sans les millions de dollars obtenus de la levée d'options et de DPVA, la rémunération du président Réal Raymond depuis deux ans aurait été égale ou inférieure à celle de Louis Vachon.