Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a jugé possible jeudi de boucler les négociations sur un nouvel ordre commercial mondial l'an prochain, malgré leur suspension en juillet faute d'accord entre pays riches et pays pauvres.

Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a jugé possible jeudi de boucler les négociations sur un nouvel ordre commercial mondial l'an prochain, malgré leur suspension en juillet faute d'accord entre pays riches et pays pauvres.

"Le cycle (de négociations) pourrait être conclu avant la fin de 2007, c'est encore jouable", a déclaré M. Lamy lors d'un entretien avec l'AFP.

Le patron de l'OMC a toutefois estimé qu'une telle issue n'est envisageable que si les 149 pays membres de l'Organisation mondiale du commerce parviennent au printemps prochain à un accord sur les grandes lignes du cycle de négociations de Doha, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar afin d'abaisser les barrières douanières dans le monde.

"Il faut qu'au plus tard à la mi-mars, il y ait suffisamment de choses sur la table pour penser qu'on va finir le cycle, c'est-à-dire un accord sur l'agriculture, qui entraînera un accord sur les produits industriels, qui entraînera un accord sur les services", a-t-il dit.

"Il faudrait encore six bons mois" pour finaliser l'accord pour chaque pays et chaque produit, a-t-il estimé.

Un tel compromis a échoué en juillet lors d'une réunion des six grands acteurs de l'OMC à Genève (Australie, Brésil, Etats-Unis, Inde, Japon, UE), obligeant M. Lamy à suspendre les discussions sine die.

Il espère désormais que le "choc psychologique de la suspension" mènera à une reprise des pourparlers à la mi-novembre, une fois passées les élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Mais pas question de réunir à nouveau les six si les positions n'évoluent pas.

"Je ne le ferai que s'il y a des chances raisonnables qu'apparaissent des positions plus flexibles qu'en juillet. J'attends davantage de signaux politiques", a-t-il dit.

Le cycle de Doha, qui aurait initialement dû être conclu en 2004, bute sur un désaccord principalement agricole. D'un côté, les pays en développement demandent aux pays riches de réduire les subventions et les droits de douane qui pénalisent leurs producteurs.

De l'autre, les pays du Nord demandent aux pays émergents comme le Brésil et l'Inde d'ouvrir davantage leurs marchés aux produits industriels et aux services.

La négociation est compliquée par un différend euro-américain, Bruxelles réclamant davantage de baisse des subventions agricoles de Washington, qui exige de son côté une baisse plus forte des droits de douane de l'UE.

Un accord de principe à la mi-mars pourrait convaincre le Congrès américain de renouveler au-delà de juin 2007 les pouvoirs spéciaux de négociation commerciale de la Maison Blanche indispensables pour négocier à l'OMC, espère M. Lamy.

Un compromis encouragerait aussi Washington à abaisser ses subventions agricoles, le projet de loi quinquennal sur l'agriculture ("farm bill") arrivant également à échéance l'an prochain, a souligné l'ancien commissaire européen.

"Le souhait de l'administration américaine actuelle c'est qu'il y ait suffisamment sur la table (à l'OMC) pour que le Congrès bascule du côté de l'option de la réforme", a-t-il expliqué.

En attendant, M. Lamy espère que, dans chaque pays membre, les secteurs économiques les plus intéressés par l'exportation mettent en garde leur gouvernement sur les risques d'un échec des discussions.

"Les signaux qu'on a reçus montrent que (les pays membres) ont commencé à réfléchir", a-t-il rapporté. "Est-ce que ça va créer suffisamment de pression pour qu'à un moment les gens reviennent autour de la table ? Je n'en sais rien, je l'espère".

M. Lamy a confié "ne pas exclure" de présenter en dernier recours un projet de compromis aux Etats membres s'ils ne parviennent pas à s'entendre.

Alors que le Français dirige l'OMC depuis un an, il a rappelé qu'il avait encore "trois ans ou sept ans" devant lui à la tête de l'institution. "Je suis renouvelable une fois", a-t-il souligné.

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