BRIC. Pour certains, cet acronyme n'est qu'un coup de marketing de plus dans le monde de l'investissement. Pour d'autres, ce sont les quatre lettres qui cimentent les puissances économiques de demain: le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine.

BRIC. Pour certains, cet acronyme n'est qu'un coup de marketing de plus dans le monde de l'investissement. Pour d'autres, ce sont les quatre lettres qui cimentent les puissances économiques de demain: le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine.

Les quatre pays ont en commun une croissance spectaculaire, fondée sur les exportations. La Chine est devenue l'usine de la planète. L'Inde est le sous-traitant de services des multinationales. Le Brésil est bourré de ressources naturelles et la Russie est remplie de pétrole.

«Ils ont déjà gagné la guerre du manufacturier. Ils commencent à nous concurrencer sur les produits à valeur ajoutée. Ils ont l'épargne (les Chinois épargnent la moitié de leurs revenus!), nous avons la dette. Ils sont jeunes, nous sommes vieux. Quand on regarde ça froidement, l'avenir est là», dit Vital Proulx, président d'Hexavest, une firme de gestion montréalaise spécialisée dans les marchés étrangers.

Et maintenant, les pays BRIC entrent dans une nouvelle phase: «Avec l'émergence de leur classe moyenne, ils deviennent des pays consommateurs», dit Nadim Risk, gestionnaire d'actions étrangères et vice-président chez Placements Montrusco Bolton.

En plus, leur poids démographique amplifie tout. Avec une population totale de 2,7 milliards d'habitants, les pays BRIC forment 42% de la population mondiale. Une petite hausse de leur niveau de vie en pourcentage ferait une énorme différence en chiffres absolus.

Imaginez: en Chine, il n'y a que neuf voitures par 1000 habitants. Très loin du ratio de 1000 pour 1000 aux États-Unis. Même si une faible proportion de Chinois troquaient leur vélo contre une voiture, il faudrait mettre des dizaines de millions de véhicules sur les chaînes de montage.

Alors, les pays BRIC sont-ils la panacée pour les investisseurs? «Honnêtement, c'est du marketing. On mélange des pommes avec des poires. Ça donne n'importe quoi», estime Alain Roch, président de Blue Bridge, une firme spécialisée dans la sélection de gestionnaires pour les clients fortunés.

Il ne décourage pas les investisseurs d'investir dans les pays BRIC. Mais il leur suggère de creuser davantage. Selon lui, il est préférable d'investir en fonction de tendances lourdes qui réunissent vraiment les quatre pays, comme l'eau (eau potable, égouts, etc.) qui constituera un enjeu majeur.

En outre, il rappelle que les marchés émergents ne sont pas pour les coeurs sensibles. Perturbations sociales, problèmes politiques, déraillement du système bancaire, déficiences réglementaires, informations financières incomplètes ou peu fiables de nombreux facteurs de risque peuvent secouer les Bourses, déjà gonflées à bloc.

En effet, la Bourse de Shanghai, qui a pratiquement quadruplé depuis 2005, a déjà subi deux fortes secousses, en févier et en juin.

«Nous pensons que la Chine est surévaluée. Mais du côté d'Hong Kong, ce n'est pas du tout comme à la Bourse chinoise», signale Patrick Gautier, gestionnaire quantitatif, qui gère de Paris le Fonds en actions BRIC HSBC.

Les étrangers n'ont pas accès au parquet de Shanghai. Ils doivent se contenter d'investir dans les sociétés chinoises qui sont cotées à la Bourse de Hong Kong. Et là, la volatilité est moins forte, explique M. Gautier.

Reste qu'il préfère mettre l'accent sur le Brésil, présentement bon marché à son avis. Les investisseurs étrangers voient surtout le Brésil comme un pays de ressources naturelles. Mais le potentiel de croissance de son économie est bien plus large.

«Les secteurs des télécommunications et de la consommation sont tirés par les exportations», dit M. Gautier.

D'ailleurs, bien des multinationales étrangères profitent de l'élan des BRIC. «Avec l'augmentation du revenu disponible, la population veut acheter des grandes marques», dit M. Risk.

Une occasion de croissance en or pour des fabricants de produits de consommation, comme Colgate, par exemple, qui tire les trois quarts de ses profits de l'extérieur des États-Unis. La société bénéficie grandement de la demande de la Chine et du Brésil pour ses dentifrices, pointe M. Risk.

Les BRIC sont aussi du bonbon pour les sociétés de techno. Par exemple, les Chinois achètent de plus en plus d'ordinateurs de marques établies. Ils utilisent ainsi les logiciels de Microsoft, déjà installés dans les machines, au lieu de logiciels piratés.

Plusieurs sociétés canadiennes, notamment dans le secteur des ressources naturelles, sont aussi portées par la vague BRIC. D'ailleurs, on dit que la Bourse canadienne ressemble de plus en plus à une Bourse de pays émergent!