La crise de l'immobilier américain, qui semblait indolore au vu de ses faibles répercussions sur la consommation, pourrait menacer l'économie sur un autre front: celui des marchés financiers.

La crise de l'immobilier américain, qui semblait indolore au vu de ses faibles répercussions sur la consommation, pourrait menacer l'économie sur un autre front: celui des marchés financiers.

Deux fonds spéculatifs américains se trouvent aujourd'hui dans une situation très délicate après avoir investi massivement dans les prêts immobiliers à risque (dits «subprime»).

Selon le Wall Street Journal de mercredi, ces deux hedge funds du courtier Bear Stearns, qui détenaient il y a peu un portefeuille évalué à 20 milliards US, pourraient tout bonnement fermer, victimes de la chute de la valeur des titres adossés aux emprunts immobiliers.

Une fermeture «pourrait avoir de vastes conséquences pour Wall Street et les investisseurs», met en garde le quotidien, alors même que les Bourses affichent une santé éclatante.

Cette affaire vient brutalement rappeler que la crise de l'immobilier, qui dure depuis plus d'un an, pourrait affaiblir l'économie par des chemins détournés.

Les économistes s'étaient félicités de voir que les difficultés du secteur n'arrivaient pas à faire dérailler la consommation des ménages, premier moteur de la croissance. Ils craignaient que les ménages, par pessimisme et manque de moyens, ne réduisent leur train de vie.

Mais la menace semble s'être déplacée. La crise du secteur est surtout concentrée sur le segment des emprunteurs à risque, ces ménages les plus fragiles financièrement qui se sont vu accorder des prêts providentiels aux riches heures de la bulle immobilière.

À coup de taux ajustables et de montages acrobatiques, une large partie de la population a pu emprunter. Les créanciers, de leur côté, étaient poussés à prêter à tour de bras par les marchés de plus en plus friands de placements risqués – mais juteux.

On se rend compte aujourd'hui des dangers de ces pratiques. Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Rodrigo Rato s'est inquiété mardi de la «sous-estimation de l'ampleur des risques par certains participants» et de l'«oubli téméraire des risques par certains autres».

L'affaire se complique du fait que l'argent investi sur ces marchés du risque est en très grande partie emprunté ailleurs, d'où le danger d'un effet boule de neige.