Les promoteurs immobiliers sont-ils au-dessus des lois? Le promoteur David Owen, qui vient de voir un projet de construction rejeté dans Ville-Marie, semble le croire.

Les promoteurs immobiliers sont-ils au-dessus des lois? Le promoteur David Owen, qui vient de voir un projet de construction rejeté dans Ville-Marie, semble le croire.

La Presse a constaté qu'il a entrepris la construction de 72 appartements dans l'arrondissement du Sud-Ouest, alors qu'il n'a pas reçu de permis de construction et qu'il n'est pas encore propriétaire du terrain.

À l'ouest de la brasserie McAuslan, entre le 5160, rue Saint-Ambroise et l'angle du chemin de la Côte-Saint-Paul, plusieurs immeubles sont en construction depuis plus d'un mois. Dans cinq cas, les édifices ont déjà trois étages, et dans quatre autres, la construction en est au premier étage.

Contrairement aux chantiers habituels, aucun panneau sur les lieux ne décrit les travaux ou ne spécifie les permis obtenus.

Et pour cause. La compagnie du promoteur David Owen, 9009-3477 Québec inc, n'a reçu aucun permis pour commencer la construction sur le terrain de 17 400 m2 que la Ville est en voie de lui vendre.

Comme le promoteur a contrevenu aux règlements de l'arrondissement, ce dernier lui a envoyé à trois reprises des amendes, pour un total de 18 800 $, a dit hier à La Presse Normand Proulx, directeur de l'aménagement urbain et du service aux entreprises de l'arrondissement du Sud-Ouest.

«Normalement, vous ne devez pas construire tant que vous n'avez pas le permis?» a demandé La Presse à David Owen. «Je sais, j'ai eu une amende de l'arrondissement pour ça. Mais, je suis supposé livrer les unités aux acheteurs.»

«Mais vous construisez sans être encore propriétaire du terrain? Ça ne vous ennuie pas?» «Ça devrait m'ennuyer, oui, a répondu M. Owen. Mais inquiète-toi pas pour ça, you know, si je reçois des avis, je vais m'en occuper. Y'a pas de problème.»

«Parce que l'arrondissement est un peu embarrassé avec ce dossier.» «Ah oui?» a demandé M. Owen.

La mairesse de l'arrondissement, Jacqueline Montpetit, est outrée. «Le problème, dit-elle, c'est que ce n'est pas la première fois qu'il fait ça. Il a déjà fait le même genre de chose sur un terrain au coin des rues Duvernay et Charlevoix.

Il commence toujours avant d'avoir les autorisations. Rue Notre-Dame, il a commencé la démolition de l'édifice 2M alors que le dossier n'est pas finalisé. C'est sa manière de faire. D'ailleurs, des citoyens qui se sentaient brimés par M. Owen se sont déjà plaints à l'émission J.E.«

Mais pourquoi l'arrondissement ne fait-il pas arrêter les travaux? «Parce que la majorité des élus le soutient», répond la mairesse. Dans Sud-Ouest, trois conseillers sur cinq sont de Vision Montréal. Mais quel rapport avec l'administration? La direction générale de l'arrondissement ne bouge-t-elle pas pour faire respecter la loi?

Embarrassé, Normand Proulx dit qu'il a envoyé un inspecteur dresser des constats d'infraction et que ce dossier va aller devant la cour.

«Il faudrait les sortir avec la police, dit la mairesse. C'est vrai, c'est jouer dur, mais ils sont appuyés par les élus de Vision Montréal et il y a de méchantes pressions qui sont faites.»

Mme Montpetit dit que M. Owen est rarement bienvenu dans les arrondissements «sauf si on lui ouvre les bras». «Dans le temps de M. Bourque, il avait ses entrées dans l'arrondissement et il les a encore», dit-elle.

«Mme Montpetit salit ma réputation et fait de la politique, réplique M. Owen. Moi, je suis un gars honnête. Depuis 20 ans, j'ai construit 3000 unités à Montréal.»

Dans l'arrondissement de Ville-Marie où, lundi soir, M. Owen s'est fait dire que son projet de construction d'un Pharmaprix et d'un stationnement n'était pas conforme, Éric Michaud, du Comité logement centre-ville, a dit que le promoteur devrait essayer de comprendre «qu'il faut respecter les règles d'urbanisme» et que «tout n'est pas permis». M. Owen savait que son projet ne respectait pas certaines normes.

Dans Sud-Ouest, il savait que pour commencer à construire, il devait avoir un permis et l'acte notarié. Mais il a commencé quand même. La Presse a voulu demander à Lyne Hamel, conseillère de Vision Montréal dans l'arrondissement, et présidente du Comité consultatif d'urbanisme de l'arrondissement, son avis sur ce dossier.

Mercredi matin, elle n'était pas au courant que M. Owen était dans l'illégalité. En après-midi, elle a dit qu'elle allait entreprendre des démarches pour faire arrêter les travaux.