Alors que plusieurs dizaines de projets d'éoliennes sont en préparation au Québec, des régions complètes s'organisent pour refuser ou limiter sévèrement l'implantation des machines sur leur territoire.

Alors que plusieurs dizaines de projets d'éoliennes sont en préparation au Québec, des régions complètes s'organisent pour refuser ou limiter sévèrement l'implantation des machines sur leur territoire.

Kamouraska a banni complètement les éoliennes sur les terres privées. Dans Bellechasse, les municipalités de Beaumont, de Saint-Michel et de Saint-Vallier n'en veulent pas non plus. La MRC de Brome-Missisquoi vient d'adopter un règlement qui bannit les éoliennes sur 60% de son territoire.

On a regardé ce qui se passait en Gaspésie, explique le directeur général de la MRC, Robert Desmarais. On n'est pas contre l'implantation d'éoliennes, mais il faut être conscient que ça amène des nuisances pour les résidents.

Le deuxième appel d'offres d'Hydro-Québec pour l'achat de 2000 mégawatts d'énergie éolienne suscite beaucoup d'intérêt. Il générera des investissements de 7 milliards.

Selon des sources de l'industrie, l'intérêt est tellement grand qu'Hydro devrait recevoir des offres pour quatre fois plus de mégawatts que la quantité demandée, soit 8000. Les soumissions doivent être déposées avant le 17 avril 2007.

Mais avec la multiplication des éoliennes en Gaspésie, on commence à réaliser qu'elles changent le paysage naturel d'une région. Et dans Brome-Missisquoi, les paysages sans éolienne attirent beaucoup de visiteurs. C'est important pour notre région, dit le directeur général de la MRC.

Par contre, ajoute M. Desmarais, les éoliennes, c'est bon pour l'économie et bon pour l'environnement: On n'est pas prétentieux au point de dire qu'on n'a pas besoin de nouveaux emplois, mais les paysages sont aussi une forme de développement économique.

Les entreprises qui s'intéressent au vent de la région de Brome-Missisquoi et d'ailleurs au Québec pensent à implanter des machines d'une capacité de 2,5 mégawatts, plus puissante que celles de 1,5 mégawatts de la Gaspésie. Ça fait déjà peur aux résidents, indique Yvon Lacombe, de la MRC Etchemin.

Dans cette région, de gros projets sont envisagés, soit entre 100 et 200 mégawatts. Dans certains villages, ça conteste pas mal, dit M. Lacombe, alors qu'aucun des projets n'a encore été dévoilé publiquement.

Les futurs parcs éoliens qui seront construits au Québec se heurteront à beaucoup plus d'opposition que les premiers et leurs promoteurs devront probablement payer des redevances plus élevées. Les MRC ont beaucoup appris des premiers parcs, dit Robert Desmarais.

Pour combattre la vague montante de pas-dans-ma-cour qui menace de noyer le développement éolien, le gouvernement du Québec a planché sur un guide à l'usage des municipalités qui doit les aider à gérer cette nouvelle réalité. Ce guide sera publié dans quelques semaines.

Pour le Bas-St-Laurent et la Gaspésie, ces outils arrivent un peu tard, mais pour le reste du Québec, ils tombent à point. Plusieurs projets de parcs éoliens sont connus (tableau).

Les soumissions doivent être déposées avant le 17 avril 2007, mais déjà on s'attend à ce que les projets soumis dépassent les 8 000 mégawatts.

Les soumissionnaires choisis devront toutefois réaliser 60% de leurs dépenses au Québec, dont 30% en Gaspésie où viennent de s'installer des fabricants de tours et de pales d'éoliennes.

La Gaspésie, qui aura plus d'un millier d'éoliennes sur son territoire, pourra en recevoir quelques centaines de plus mais pas davantage, à cause des goulots d'étranglement sur le réseau de transport d'Hydro-Québec qui limitent la quantité d'électricité qui peut être transportée de l'Est vers le centre du Québec.

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