Qui prend mari prend pays. Quatorze mois après être passée à des intérêts indiens, Teleglobe Canada (maintenant VSNL International) transfère une partie de ses activités en Inde et annonce la mise à pied de 210 des 550 employés de son bureau de Montréal.

Qui prend mari prend pays. Quatorze mois après être passée à des intérêts indiens, Teleglobe Canada (maintenant VSNL International) transfère une partie de ses activités en Inde et annonce la mise à pied de 210 des 550 employés de son bureau de Montréal.

Le groupe de télécommunications VSNL a fait part de ses plans à ses employés montréalais lundi.

Une douche froide dont plusieurs ne se sont pas remis.

" Les gens sont défaits. Ça change complètement leur plan de vie. C'est très décevant de voir nos emplois quitter pour l'étranger ", dit Manon Dubuc, conseillère syndicale de la section locale 1653 du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP-FTQ), qui représente 54 employés de bureau.

À l'exception d'un ou deux, ils seront tous remerciés au terme des compressions.

L'entreprise indienne imposera donc un régime minceur à son bureau montréalais, responsable des appels internationaux. Les employés de bureau et les techniciens informatiques seront les plus touchés par les compressions: jusqu'aux trois quarts d'entre eux perdront leur emploi. Environ le quart des employés affectés au réseau téléphonique subiront le même sort.

Selon les prévisions de la compagnie, 120 employés de bureau, 50 techniciens informatiques et 80 employés affectés au réseau seront mis à pied entre septembre 2007 et janvier 2008. Une quarantaine d'employés des trois bureaux situés en Virginie et au New Jersey seront aussi touchés.

" C'est une décision d'affaires qui n'est jamais agréable à prendre. Ça va se faire de façon graduelle. On va respecter les personnes affectées. Il va y avoir des services de placement pour tous les employés mis à pied, qui recevront aussi une généreuse indemnité ", dit Michel Guyot, président des services mondiaux de la voix de VSNL et son plus important dirigeant à Montréal.

En 2008, les services administratifs et les technologies de l'information de VSNL seront réunis sous un seul toit, en Inde. " Il s'agit d'une tendance dans l'industrie des télécommunications, dit M. Guyot. Mais pour rester en vie, on n'a pas le choix de faire comme British Telecom, France Telecom et le reste de nos concurrents. "

" Cette décision a été prise pour s'assurer que l'entreprise puisse offrir des meilleurs prix possibles à ses clients, dit Marc Boutet, porte-parole de VSNL. Nous sommes dans une industrie basée sur le prix. C'est pourquoi il est important d'avoir un réseau et une structure de coûts optimisés. "

Selon les documents obtenus par La Presse Affaires, les mises à pied permettront à VSNL d'épargner 18 millions annuellement à partir de 2009. Le déménagement coûtera toutefois 14 millions en 2007 et 18 millions en 2008.

VSNL espère que sa stratégie améliorera la rentabilité de Teleglobe (VSNL International), qui a perdu 22 millions au premier trimestre de 2006. Si VSNL a réussi à afficher des profits de 5 millions, c'est en raison des surplus de VSNL India, une entreprise de télécommunications qui fait affaire exclusivement en Inde.

L'annonce des mises à pied chez Teleglobe survient un mois après que le ministre fédéral de l'Industrie, Maxime Bernier, ait déclaré voir d'un bon oeil la prise de contrôle de sociétés canadiennes par des sociétés étrangères. Le ministre Bernier avait émis ses commentaires à la suite l'acquisition de Domtar par l'américaine Weyerhaeuser.

En juillet 2005, VSNL a acquis Teleglobe- que la société indienne a rebaptisé VSNL International- de BCE pour 178 millions US.

Hier, le ministre Bernier n'a pas voulu revenir sur le sujet. Son attaché de presse Marc-André Plouffe a toutefois exprimé " l'empathie " du ministre pour les employés de Téléglobe qui perdront leur emploi au cours des 18 prochains mois. " Ils pourront bénéficier de l'aide offerte par les programmes gouvernementaux existants ", dit M. Plouffe.

Pour sa part, le Bloc québécois demande la révision de la Loi sur Investissement Canada, qui s'applique aux investisseurs étrangers. " La délocalisation des emplois est une réalité qui fait partie de la nouvelle économie mondiale. Présentement, la disparition d'emplois n'est pas un critère d'évaluation comme tel. Il faudrait revoir cette loi en fonction de la nouvelle économie mondiale ", dit le député Paul Crête, critique du Bloc en matière d'Industrie.

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