Molybdène. Si vous avez de la difficulté à prononcer ce mot, il faudra peut-être vous habituer. Car après l'or, l'argent et l'uranium, ce métal est en train de s'imposer comme LA nouvelle coqueluche des investisseurs.

Molybdène. Si vous avez de la difficulté à prononcer ce mot, il faudra peut-être vous habituer. Car après l'or, l'argent et l'uranium, ce métal est en train de s'imposer comme LA nouvelle coqueluche des investisseurs.

Parlez-en à Ian McDonald. L'homme est président du conseil d'administration de Blue Pearl Mining -un nom qu'il aurait fallu apprendre à prononcer l'an dernier. S'il ne vous dit toujours rien, sachez que l'entreprise torontoise a réalisé la meilleure performance du TSX en 2006.

Le 18 avril 2006, l'action de Blue Pearl valait 3,10 $; exactement un an plus tard, mercredi, elle a clôturé à 16,90 $, en baisse de 2,3 %.

Grosse année

M. McDonald était à Montréal hier pour présenter les derniers développements entourant son entreprise.

«Il y a un peu plus d'un an que je n'étais pas venu ici, et que dire... Il peut s'en passer des choses en un an!», a-t-il lancé à son auditoire.

Grosse année en effet. Il y a quelques mois à peine, Blue Pearl était encore une société en croissance qui n'avait ni mine ni usine de transformation. Elle trône aujourd'hui au cinquième rang des producteurs mondiaux de molybdène et surfe sur l'engouement qui s'est emparé de ce métal blanc.

Le molybdène - «Moly» pour les intimes- augmente la résistance de l'acier et l'empêcher de rouiller. Turbine de jets, centrales nucléaires, pipelines de gaz et de pétrole: on le retrouve dans les aciers inoxydables exposés à des conditions difficiles.

«Partout où vous avez de la croissance et de la construction, vous avez un marché du molybdène qui grimpe», a résumé mercredi Ian McDonald à La Presse Affaires.

Vous connaissez la suite: la Chine. Sauf que dans ce cas, le pays asiatique était historiquement un exportateur important de molybdène. Il s'est mis à consommer sa propre production, pendant qu'il fermait plusieurs mines pour des raisons environnementales.

La demande s'est resserrée. La livre de molybdène, qui stagnait à plus ou moins 4,50 $US entre 1994 et 2004, a bondi à 40 $US en 2005. Les prix sont revenus à des niveaux d'environ 25 $US l'an dernier.

Le nain qui avale le géant

Pendant ce temps, la situation de Blue Pearl basculait. Le 26 octobre dernier, la petite entreprise, alors concentrée à explorer un gisement de molybdène dans le nord de la Colombie-Britannique, a mis le grappin sur l'américaine Thompson Creek Metals Company.

Elle acquérait avec elle la deuxième mine de molybdène à ciel ouvert du monde, dans l'Idaho, ainsi qu'une participation de 75 % dans une mine de Colombie-Britannique et une usine de transformation de Pennsylvanie.

L'histoire du nain qui avale un géant? «Une prise de contrôle inversée, explique l'analyste David Davidson, de Paradigm Capital. Thompson Creek cherchait un moyen d'entrer en Bourse -c'était moins compliqué et moins coûteux de cette façon.»

Le président du conseil, Ian McDonald, en est bien conscient: «Nous allons vivre et nous allons mourir avec le prix du molybdène.»

Bonne nouvelle: compte tenu du temps qu'il faut pour mettre en place de nouvelles mines, M. Davidson le voit se maintenir à au moins 18 et 20 $US la livre pour les trois prochaines années.

Il n'est pas le seul à être optimiste. Lundi dernier, un nouveau fonds de Sprott Asset Management exclusivement consacré au molybdène a fait son entrée à la Bourse de Toronto.

L'idée: exposer directement les investisseurs au prix du métal en achetant à la fois du molybdène et des actions d'entreprises du domaine -Sprott a mis la main sur 3 millions d'action de Blue Pearl au début d'avril. Un modèle inspiré du fonds de Sprott consacré à l'uranium, le Uranium Participation Corp.

Blue Pearl, pendant ce temps, planifie l'avenir. En vue: une entrée à la Bourse de New York d'ici l'automne et des acquisitions de sociétés en stade avancée d'exploration. L'entreprise a conclu l'année 2006 avec des pertes nettes de 20,6 millions US, ce qui n'inquiète aucunement l'analyste David Davidson. Il recommande l'achat des actions et les voit à 19 $ dans un an.