La réunion du conseil d'administration d'EADS où devait être évoqué vendredi le lancement de l'A350 d'Airbus, a été reportée à la semaine prochaine, faute d'accord sur le financement de ce programme-clé, dont le développement pourrait coûter jusqu'à 10 milliards d'euros.

La réunion du conseil d'administration d'EADS où devait être évoqué vendredi le lancement de l'A350 d'Airbus, a été reportée à la semaine prochaine, faute d'accord sur le financement de ce programme-clé, dont le développement pourrait coûter jusqu'à 10 milliards d'euros.

A la dernière minute, "le conseil d'administration a été reporté à la fin de la semaine prochaine", a indiqué sans autre commentaire un porte-parole du groupe Lagardère, qui détient 7,5% du capital du groupe européen.

Le principal point de blocage réside dans les sources de financement du long-courrier destiné à concurrencer le 787 à succès de l'américain Boeing, alors que les comptes d'EADS souffrent du retard de deux ans pris par le programme d'avion géant A380, souligne une source proche du dossier, confirmant des informations du quotidien Les Echos.

Contrairement aux autres pays partenaires d'Airbus (Grande-Bretagne, Espagne et Allemagne), le gouvernement français, actionnaire d'EADS à hauteur de 15%, renâclerait notamment à s'engager sur le principe d'avances remboursables, mode de financement européen des investissements aéronautiques contesté par les Etats-Unis devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a précisé cette source.

Le ministère des Finances n'a pas souhaité commenter.

Selon le syndicaliste Philippe Fraysse, coordonnateur FO d'EADS, qui a rencontré mi-novembre les services du Premier ministre français, "le gouvernement estime comme nous nécessaire de lancer cet avion, même s'il faut peut-être trouver d'autres moyens que les avances remboursables, par rapport à l'OMC et Boeing. Ils nous ont dit réfléchir à un certain nombre de solutions".

Une voie alternative consisterait à lever de l'argent frais via une augmentation de capital. Mais les deux actionnaires industriels d'EADS DaimlerChrysler et Lagardère, engagés dans une réduction de leur participation respective, y seraient opposés.

Lagardère a ramené sa part de 15% à 7,5%, tandis que le groupe allemand a récemment réduit la sienne de 30% à 22,5% et compte descendre jusqu'à 15%.

Berlin souhaite que les actions cédées restent dans des mains allemandes et a annoncé cette semaine que "les grandes lignes" d'un accord sont fixées. Selon la presse allemande une prise de participation par un consortium de banques allemandes pourrait être annoncée la semaine prochaine.

Les actionnaires conditionnent par ailleurs le lancement industriel de l'A350 à la mise oeuvre du plan de redressement d'Airbus, "Power 8", qui vise à économiser deux milliards d'euros par an à partir de 2010 et permettrait ainsi de dégager du cash pour financer le nouvel appareil.

Pour financer le coût de l'avion, EADS et Airbus prévoient également un recours accru à des partenariats à risque avec des pays étrangers, comme la Chine ou la Russie.

D'un point de vue commercial, il ne paraît guère possible pour Airbus de faire l'économie d'un tel modèle pour compléter sa gamme sur le très rentable créneau long-courrier, où Boeing règne désormais en maître grâce au succès de son futur 787 "Dreamliner" et de sa gamme 777.

Sur ce segment, Airbus n'avait vendu que 41 appareils de gamme A330/A340/A350 sur les dix premiers mois de l'année, contre 206 pour son rival américain.

Selon le constructeur aéronautique européen, la demande en long-courriers promet d'atteindre 5.300 nouveaux appareils sur les 20 prochaines années, soit quelque 42% du marché mondial en valeur.

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dab/ros/az