Catherine Bernard est sortie à midi pile de son hôtel à Zanzibar, un archipel qui baigne dans l'Océan indien, au large de la Tanzanie. Tout de suite, son regard a croisé celui d'un homme.

Catherine Bernard est sortie à midi pile de son hôtel à Zanzibar, un archipel qui baigne dans l'Océan indien, au large de la Tanzanie. Tout de suite, son regard a croisé celui d'un homme.

C'était lui! Le guide touristique qu'elle avait déniché sur Internet, l'attendait à l'heure convenue pour débuter la tournée des plantations d'épices.

La jeune montréalaise avait planifié tout son voyage en Afrique en navigant sur le web. Elle avait trouvé un cuisinier et un chauffeur pour faire un safari-camping au Kenya et en Tanzanie. Elle avait réservé son hébergement, ses activités. Tout!

«Je n'aurais jamais pu faire ce voyage sans planifier à l'avance sur Internet», dit-elle.

Les réservations de voyage sur Internet font désormais partie dans les moeurs. Pour la première fois en 2007, elles représentent plus de la moitié (54%) des transactions totales de l'industrie touristique aux États-Unis, selon la firme de recherche américaine PhoCusWright.

Internet a décollé moins vite au Canada. Il faut dire que l'industrie est fort différente. Le ciel est dominé par Air Canada et West-Jet. Les forfaits dans le Sud sont beaucoup plus populaires, accordant aux tours-opérateurs un rôle prépondérant. Et l'industrie hôtelière est très fragmentée.

Mais Internet se taille rapidement une place dans le portefeuille des voyageurs canadiens. Les réservations en ligne ont plus que doublé de 2004 à 2006, atteignant 6,5 milliards de dollars. Elles devraient encore doubler d'ici 2009, estime PhoCusWright.

«La plus grosse croissance sur internet vient des baby-boomers. Ce sont déjà des voyageurs expérimentés. Ils ont du temps pour chercher. Et ils ont plus de flexibilité pour profiter des offres de dernières minutes et des tarifs hors saison», explique Michel Archambault, titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l'UQAM.

Les voyageurs aguerris qui recherchent des destinations très courues, sont particulièrement bien servis sur Internet.

«Les snowbirds qui vont en Floride trois fois par année, les voyageurs d'affaires qui font régulièrement Montréal/New York sont tellement habitués, tout ce qu'ils cherchent c'est une date et un prix», dit Henri Castillo, directeur général au Québec de l'Association canadienne des agences de voyage.

Internet comblera leurs besoins. Par contre, M. Castillo estime que les voyageurs qui s'aventurent dans des lieux inconnus, apprécient encore les agences traditionnelles pour l'information, la sécurité et le conseil.

«Si vous préparez un voyage à vélo en Autriche, ça vaut la peine de faire appel à une agence. Vous aurez quelqu'un pour s'occuper de vos bagages le soir ou pour vous dépanner en cas de défaillance mécanique», dit M. Archambault.

C'est sans compter que les agences ont souvent de meilleurs prix, particulièrement pour les liaisons aériennes qui sortent de l'ordinaire. Justement,

Catherine Bernard magasine en ce moment un billet pour Bali. Elle n'a vu aucun tarif inférieur à 3 000$ sur internet, tandis que son agence lui a trouvé un billet à 1600$.

«Les agences offrent encore de bons prix, assure M. Archambault, surtout si vous accordez une valeur monétaire au temps de vous passez sur Internet.»

Les agences réservent par l'entremise de consolidateurs qui les font bénéficier d'économies de volume. Le consolidateur paie ses vols 18 à 22% de moins que le prix affiché par les compagnies aériennes.

Il conserve environ 10% pour son profit et rétrocède le reste de l'escompte à l'agent, qui peut la conserver en guise de commission ou bien la refiler à son client.

Il faut dire que la plupart des transporteurs aériens ne versent plus de commissions aux agents de voyage. Ceux-ci imposent donc des frais de service (50 à 100$ par dossier ou par réservation) quand ils ne sont pas rémunérés par un consolidateur.

Peu importe la façon dont ils sont rémunérés pour leurs services, M. Castillo est convaincu que les agents font économiser de l'argent à leurs clients. «Ils ont toute l'information à portée de la main, dit-il. C'est leur métier. Ils sont beaucoup plus informés que le client.»