Deux milliards de réglés sur les 35 milliards en papier commercial en danger. Mais aussi, un seul cas dénoué et 21 autres fiducies à nettoyer.

Deux milliards de réglés sur les 35 milliards en papier commercial en danger. Mais aussi, un seul cas dénoué et 21 autres fiducies à nettoyer.

C'est le bilan intérimaire après presque deux mois de travail dont a fait part le «Comité Crawford» de règlement de la crise du papier commercial adossé (PCAA), mardi à Toronto.

N'empêche, son directeur, l'avocat d'affaires torontois Purdy Crawford, et ses adjoints se disent très optimistes quant à leurs chances de parvenir à une «bonne solution d'ensemble» d'ici le 14 décembre.

C'est le nouvel échéancier, allongé de deux mois sur le calendrier d'origine, qui a aussi été confirmé mardi, après maintes rumeurs à Bay Street.

Et d'ici là, le Comité Crawford entend continuer la «restructuration» de ce lot de PCAA non bancaire derrière des portes presque closes.

Selon M. Crawford, c'est pour éviter que de l'information névralgique ne parvient à des spéculateurs qui auraient des «intérêts divergents» à ceux des investisseurs avec lesquels il travaille.

Ces investisseurs veulent un déblocage prochain de leurs fonds figés depuis la mi-août, mais avec le minimum de dommages.

Et quand le temps sera venu, à la mi-décembre espère-t-on, ces investisseurs en PCAA auront «toutes l'information nécessaire pour prendre leurs décisions», a expliqué M. Crawford, lors d'une téléconférence.

En plus de prolonger son mandat, le comité avait un dénouement encourageant pour les investisseurs préoccupés du sort de leurs fonds. Une entente de règlement est intervenue pour l'une des 22 fiducies d'investissement impliquées dans cette crise.

Il s'agit de Skeena Capital, une fiducie crée l'an dernier par Valeurs mobilières Dundee, de Toronto.

Les investisseurs qui ont acheté pour 2,1 milliards de PCAA émis par Skeena pourront récupérer tous leurs fonds d'ici peu, en comptant ou en nouveaux titres obligataires.

Ils devront toutefois se passer d'une partie des intérêts qu'ils auraient dû empocher avec leurs placements, afin de couvrir les frais de restructuration.

Néanmoins, l'entente concernant Skeena Capital a été facilitée par ses contrats préalables de soutien financier qui sont plus avantageux que ceux des 21 autres fiducies encore en restructuration.

Par conséquent, un règlement aussi favorable pour leurs investisseurs qui détiennent quelque 33 milliards de PCAA, d'ici la mi-décembre, demeure conditionnel à divers facteurs, ont admis les dirigeants du Comité Crawford.

D'une part, qu'en est-il de la qualité des actifs financiers sous-jacents de tout ce PCAA non bancaire, c'est-à-dire des lots de prêts et de produits dérivés?

«Nous n'avons pas encore de raison de croire que ces actifs ne soient pas, en général, de bonne qualité. Mais qui sait ce qui pourrait encore être mis au jour?», a indiqué M. Crawford.

D'autre part, quelle sera la valeur marchande des futurs titres obligataires qui devraient remplacer la majeure partie du PCAA non bancaire?

Parmi ces investisseurs, faut-il rappeler, le plus gros connu à ce jour est la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui y a présumément investi à plus de 13 milliards.

La Banque Nationale et le Mouvement Desjardins sont du nombre, ainsi que des dizaines d'entreprises qui ont plusieurs centaines de millions en liquidités bloquées dans cette crise du PCAA non bancaire.

D'ailleurs, la Caisse de dépôt a été la principale instigatrice à la mi-août de cet «accord de Montréal» entre diverses institutions financières. Ils ont ensuite créé le Comité Crawford pour mener cette entente à terme.

Au moins, «ce qui se passe sur le marché international du papier commercial est positif», a souligné M. Crawford, en allusion au fonds de sauvetage de 80 milliards US annoncé lundi par trois grandes banques américaines, en coordination avec Washington.

Mais selon Adam Howard, du groupe financier américain JP Morgan embauché spécialement par le Comité Crawford, «c'est très difficile de prédire l'évolution des marchés financiers» à propos de la valeur future des titres substituts au PCAA non bancaire.

«Entre-temps, tout ce qui contribue à stabiliser le processus de restructuration devrait être positif pour la valeur future de titres pour les investisseurs en PCAA», a indiqué M. Howard.