L'achat de la Bourse de Montréal (T.MXX) par celle de Toronto, pour regrouper le marché des produits dérivés et celui des actions, coûterait environ 1,3 milliard de dollars aux actionnaires du Groupe TSX.

L'achat de la Bourse de Montréal [[|ticker sym='T.MXX'|]] par celle de Toronto, pour regrouper le marché des produits dérivés et celui des actions, coûterait environ 1,3 milliard de dollars aux actionnaires du Groupe TSX.

Selon un analyste de Bay Street, une telle transaction devrait avoir lieu «d'ici six mois» pour en valoir la peine du point de vue du Groupe TSX.

Après ce délai, le TSX serait trop avancé dans ses efforts de développement de ses propres marchés de dérivés pour justifier le coût d'achat de la Bourse de Montréal.

Aussi, les économies liées aux synergies seraient amoindries. Dans une note distribuée lundi à Toronto, l'analyste Stephen Boland, de Marchés mondiaux CIBC, les estime autour de 20 millions de dollars par an.

Une telle somme serait intéressante pour une entreprise boursière dont le chiffre d'affaires combiné serait d'environ 432 millions, estime aussi l'analyste, selon leurs résultats de 2006.

Les dirigeants de TSX ont déjà énoncé leur ambition de concurrencer la Bourse de Montréal dans les dérivés dès la fin de leur entente d'exclusivité de marchés, dans 18 mois.

Hier, on a répété ce message au siège social de TSX à l'Exchange Tower, au centre-ville de Toronto.

«Nous ne commentons pas les avis d'analystes. Néanmoins, nous réitérons notre intention d'être dans le marché des dérivés avec un partenaire international (ISE) dès l'expiration de l'entente avec la Bourse de Montréal», a indiqué Steve Kee, porte-parole du TSX.

À la Bourse de Montréal, on a décliné tout commentaire.

Bons points

Selon l'analyste Stephen Boland, le groupe TSX a déjà marqué de bons points pour concurrencer Montréal dès le printemps 2009.

Il cite sa récente entente d'exclusivité avec la firme Standard & Poors pour l'utilisation des indices de marché des actions, comme le S&P/TSX, comme élément de base de futurs produits dérivés.

Aussi, TSX acquiert divers produits spécialisés en transactions de titres d'énergie afin de muscler sa filiale de Calgary, la mini-Bourse NGX, spécialisée dans les produits dérivés reliés à l'énergie.

En contrepartie, pour la Bourse de Montréal, l'analyste de CIBC estime que son union avec le TSX pourrait en fait «solidifier» son emprise sur le marché des dérivés au Canada.

Aussi, écrit-il, "la stagnation des volumes depuis quelques mois" à la Bourse de Montréal pourrait justifier son intérêt envers une prochaine union avec TSX.

«À moins que les volumes au MXX ne retrouvent une croissance d'environ 20% par an, nous ne croyons pas que ses actions puissent retrouver les multiples de valeur qu'elles avaient auparavant», selon Stephen Boland.

Les actions de la Bourse de Montréal ont perdu le quart de leur valeur depuis leur inscription à Toronto, en mars dernier.

En comparaison, les actions du Groupe TSX ont reculé de 12% environ durant cette période.

Justifié

N'empêche, selon l'analyste de CIBC, un achat prochain de la Bourse de Montréal par le TSX, en comptant ou en actions, pourrait justifier un prix d'environ 41$ par action.

L'analyste a estimé ce prix en utilisant le multiple de 30 fois le bénéfice par action qui fut observé lors de récentes transactions de sociétés de bourse d'actions ou de dérivés.

Ce prix représenterait une prime de 19% par rapport à leur cours récent moyen, ce qui serait un «niveau attendu» pour une telle transaction, selon Stephen Boland.

Son rapport survient après quelques déclarations d'intervenants en vue du secteur financier canadien en faveur d'un regroupement prochain des Bourses de Montréal et de Toronto.

Leur argument: regrouper ces marchés d'actions et de produits dérivés afin d'offrir un véritable guichet unique de transactions plus attirant pour les investisseurs.

L'un d'entre eux, le financier torontois Thomas Caldwell, qui gère des dizaines de millions en actions de sociétés boursières aux quatre coins du monde, en a d'ailleurs rajouté hier à ses propos récents.

Pour la deuxième fois en autant de semaines, une affiliée du groupe Caldwell Financial, la société Urbana, a acheté pour quelques millions en actions de la Bourse de Montréal et du Groupe TSX.

Ce placement additionnel mise sur leur prochaine union, qui devrait rehausser leur valeur d'entreprise à l'instar de ce qui s'est passé ailleurs dans le monde, a expliqué M. Caldwell dans une entrevue à La Presse Affaires, publiée lundi.

L'analyste Stephen Boland, de CIBC, anticipe aussi une meilleure appréciation d'une entreprise boursière regroupée.

Dans l'immédiat, le sursaut d'agitation envers le sort de la Bourse de Montréal excite aussi des investisseurs boursiers.

Ses actions ont encore gagné 2,5% lundi, à 35,28$. Elles poursuivaient leur remontée après avoir atteint un creux de 28,25$, le 16 août dernier.