Le groupe français Bolloré a annoncé mardi avoir acquis les actifs d'Avestor, un fabricant de batteries au lithium-métal-polymère (LMP) détenu conjointement jusqu'ici par Hydro-Québec et la société énergétique américaine Anadarko.

Le groupe français Bolloré a annoncé mardi avoir acquis les actifs d'Avestor, un fabricant de batteries au lithium-métal-polymère (LMP) détenu conjointement jusqu'ici par Hydro-Québec et la société énergétique américaine Anadarko.

Dans un communiqué émis sur son site Internet, Bolloré a indiqué s'être porté acquéreur de la propriété intellectuelle, des bâtiments, des équipements de recherche et développement de même que d'une unité de production d'Avestor, le tout situé à Boucherville, au sud de Montréal.

Lorsqu'il s'est placé sous la protection de la Loi de la faillite et de l'insolvabilité, en novembre, le fabricant de batteries comptait 260 employés. Mauvaise nouvelle pour une bonne partie d'entre eux: Bolloré ne compte en conserver qu'une cinquantaine pour y poursuivre le développement des batteries LMP.

C'est BatScap, une filiale détenue à 95 pour cent par Bolloré et à 5 pour cent par Electricité de France, qui gérera les activités d'Avestor. L'entreprise dispose déjà d'installations à Quimper, dans l'ouest de la France.

Le montant de la transaction n'a pas été dévoilé.

«Nous nous réjouissons que les équipes de recherche et développement d'Avestor nous rejoignent, a déclaré le président de Bolloré, Vincent Bolloré, dans le communiqué. Leurs compétences, alliées à celles de nos propres équipes, vont nous permettre de marier le meilleur de nos technologies et de développer des batteries encore plus performantes pour le marché des voitures électriques.»

Cela faisait plusieurs mois que le syndic de faillite RSM Richter cherchait un acheteur pour Avestor. La firme avait déposé en novembre un avis d'intention de soumettre une proposition de règlement à ses créanciers, essentiellement des fournisseurs québécois de lithium, métal et polymère.

À la fin janvier, un accord est intervenu avec ces derniers pour 20 millions $, alors que les mauvaises créances d'Avestor s'élèvent à plus de 70 millions $.

Hydro-Québec a englouti des centaines de millions de dollars dans Avestor, dans le but de produire des batteries pour voitures électriques. L'entreprise s'est finalement réorientée vers les piles pour le secteur des télécommunications et des ordinateurs.

Depuis sa création, en 2000, Avestor n'a jamais été rentable. Les pertes accumulées totalisent 190 millions $, dont 90 millions $ en 2004, 40 millions $ en 2005 et 20 millions $ en 2006.

L'investissement de départ d'Hydro-Québec et de son partenaire, la multinationale américaine Kerr-McGee, était de 250 millions $ chacun. Kerr-McGee a depuis été rachetée par la pétrolière Anadarko.

En septembre, la société d'Etat a intenté une poursuite pour violation de brevet contre une entreprise chinoise, China BAK Battery, qui fabrique et vend des piles au lithium semblables à celles d'Avestor.

Hydro-Québec reproche notamment à China BAK Battery, sous-traitant de la firme américaine A123 Systems et fournisseur du fabricant d'outils Black & Decker, d'utiliser sa technologie de façon illégale et réclame des dommages-intérêts pour un montant non divulgué.

Hydro-Québec a acquis en 1997 la technologie de la pile LMP d'Avestor, développée par l'Université du Texas.

Avestor fait par ailleurs l'objet d'une enquête de la Sûreté du Québec pour des fraudes et des irrégularités comptables survenues il y a quelques années.