Goodyear Tire & Rubber a sabré mercredi 290 M$ US dans les avantages sociaux de ses salariés américains et a expédié une lettre à ses travailleurs de Valleyfield pour leur demander de démissionner en échange d'une indemnité de seulement 1000$ par année de service.

Goodyear Tire & Rubber a sabré mercredi 290 M$ US dans les avantages sociaux de ses salariés américains et a expédié une lettre à ses travailleurs de Valleyfield pour leur demander de démissionner en échange d'une indemnité de seulement 1000$ par année de service.

«C'est totalement inacceptable. Aux syndiqués américains de l'usine Tyler, Goodyear vient d'offrir 2000 $ US par année de service», a répliqué Joseph Gargiso, vice-président au Québec du Syndicat des communications, de l'énergie et du papier (SCEP), affilié à la centrale FTQ.

«Goodyear offre par ailleurs deux semaines et demi de salaire par année de service à la centaine de cadres de Valleyfield», a renchéri Éric Latreille, secrétaire de l'unité 143 du SCEP.

Le leader nord-américain du pneu, d'Akron, en Ohio, a entrepris des compressions de 1 milliard US d'ici la fin de 2008; ce geste a été bien vu par des analystes financiers.

Les syndiqués de Valleyfield considèrent par contre comme des pressions indues la lettre que leur adresse Bryan De Marchi, directeur des ressources humaines de Goodyear Canada, de Toronto.

La semaine dernière, pourtant, le président nord-américain de Goodyear, Jonathan Rich, a accepté d'étudier à fond la relance de l'usine de Valleyfield.

Bref, Goodyear souffle le chaud et le froid et «l'atmosphère de travail n'est pas à son meilleur», a dit Éric Latreille.

Jonathan Rich a en effet débarqué à Montréal, le 21 février dernier, pour discuter de relance avec Jean-Pierre Blackburn, ministre fédéral du Travail, Raymond Bachand, ministre québécois du Développement économique, Denis Lapointe, maire de Valleyfield, et Henri Massé, président de la FTQ.

«Le président Rich a salué la créativité des scénarios de relance de l'usine, selon les ministres, et il s'est engagé à les étudier sérieusement.»

Goodyear va fermer

«C'est sûr qu'on n'est pas capable d'empêcher la fermeture de l'usine de Valleyfield à court terme», a cependant reconnu à La Presse Affaires le président de la FTQ, Henri Massé. En mai prochain, seulement 200 des 1000 employés vont continuer à travailler et à la production de caoutchouc.

«Ça va prendre un minimum de 12 à 18 mois pour relancer la Goodyear. On le savait, il faut changer la machinerie de l'usine», a précisé Henri Massé.

«La relance du constructeur de camions lourds Paccar a nécessité deux ans», a expliqué Joseph Gargiso.

«Je ne suis pas sorti emballé de la rencontre avec le président Rich, a ajouté Henri Massé, mais on va continuer à travailler.»

Le ministre Raymond Bachand va de son côté participer, aujourd'hui (jeudi), à une téléconférence avec le Comité de relance de la Goodyear, a souligné sa porte-parole, Emmanuelle Brière.

Entre-temps, «le SCEP négocie avec Goodyear depuis quelques semaines, a dévoilé Joseph Gargiso, mais la compagnie n'augmente pas son offre et, là, elle envoit une lettre aux syndiqués. Ça bloque parce que Goodyear n'offre pas assez et à de trop nombreuses conditions.»

Henri Massé discute par ailleurs avec d'autres leaders pour exiger des partis politiques en campagne électorale un programme de relance du secteur manufacturier, frappé par la mondialisation.