L'immobilier a beau être complètement fou à Dubaï, ce ne sont ni les villas, ni les appartements qui manquent quand on se donne la peine de chercher. Suffit d'être prêt à allonger au moins 30 000 $... par année!

L'immobilier a beau être complètement fou à Dubaï, ce ne sont ni les villas, ni les appartements qui manquent quand on se donne la peine de chercher. Suffit d'être prêt à allonger au moins 30 000 $... par année!

Pour louer une villa de trois chambres à coucher dans le quartier Springs, un développement récent, il faut s'attendre à débourser entre 125 000 et 160 000 dirhams (39 000 $ à 50 000 $ CA) l'an. Un appartement de trois chambres à Dubaï Marina, en bord de mer, coûtera pour sa part entre 72 000 $ à 88 000 $ CA en location chaque année.

Cette frénésie découle de l'explosion de la demande, mais aussi de la spéculation immobilière, pratiquée comme un sport à Dubaï. Souvent, les résidences changent trois, quatre ou cinq fois de propriétaire avant même d'être construites.

«Il y a un gros marché de la revente ici: tout le monde achète un appartement, même s'ils n'ont pas d'argent, en vue de le revendre. Ils s'assoient dessus et attendent. Tu peux faire financer une maison presque entièrement avec un comptant de seulement 5 %», explique Conrad Egbert, journaliste à l'hebdomadaire Construction Week, basé à Dubaï.

Dans son édition du dimanche, Gulf News, l'un des quotidiens locaux, compte pas moins de trois cahiers débordant de petites annonces immobilières. Tout ça pour une ville d'à peine 1,5 million d'habitants ! Le bassin de propriétés à vendre (souvent sur plans) est énorme, ce qui fait dire à plusieurs que la bulle immobilière pourrait éclater à tout moment.

Pour l'heure, la montée des prix continue. Les exemples de profits éclair sont encore nombreux. « Nous avons payé notre villa 1,6 million en mars dernier, et nous avons vu une maison similaire récemment à 2,1 millions de dirhams », raconte l'Albertaine Ivonne Martinez, rencontrée en octobre à Dubaï.

Ces prix exorbitants n'effraient pas tout le monde, loin de là. Bon nombre d'Occidentaux postés à Dubaï se font rembourser la majeure partie – ou la totalité – de leurs frais de logement par leurs employeurs. Tous n'ont pas cette chance cependant, si bien que de plus en plus d'« expats » moins fortunés songent aujourd'hui à quitter la région.

Il faut dire que l'inflation fait mal, très mal à ceux qui doivent payer le loyer de leur poche. Selon les chiffres officiels du Fonds monétaire international, l'inflation tourne autour de 6 % à Dubaï. Mais des économistes parlent plutôt d'une fourchette de 12 à 20 %.

Pour tenter de calmer les ardeurs du marché immobilier locatif, le gouvernement a imposé temporairement une hausse maximale pour les augmentations de loyer. Pas plus de 15 % par année.

Cette hausse «maximale» apparaît très élevée par rapport aux standards québécois. Et pourtant, bien des propriétaires l'ignorent. Dans certains cas, ils doublent le loyer d'un coup ! Cela fait d'autant plus mal que les locataires doivent en général payer leur loyer annuel en un seul versement.

Qualité douteuse

Malgré leur prix considérable, les maisons et appartements ne sont pas tous haut de gamme à Dubaï. Loin de là. Ici, on construit vite, on vend vite, et cela transparaît parfois dans la qualité.

Dans une maison à vendre d'à peine cinq ans que nous avons visitée dans le quartier Springs, on retrouvait déjà plein de fissures dans les murs. La cuisine, banale et sans charme, grouillait de fourmis. Et pourtant, après un petit «rafraîchissement» effectué par des employés à rabais, la maison se vendra à prix d'or.

«Les entrepreneurs utilisent souvent de mauvais mélanges de ciment, ils construisent trop vite», souligne Conrad Egbert, qui suit de près les chantiers de Dubaï.

Alors que de gros projets immobiliers seront complétés en 2007 et 2008, certains observateurs s'attendent à une avalanche de plaintes et de poursuites de la part de clients mécontents.