Lentement, mais sûrement, la saison des REER approche.

Lentement, mais sûrement, la saison des REER approche.

Il y a un signe qui ne ment pas: les institutions financières commandent des sondages qui, invariablement, montrent que les Québécois prennent du retard par rapport aux autres Canadiens lorsque vient le temps de planifier leur retraite.

Un sondage effectué par la firme torontoise TNS Canadian Facts pour le compte de TD Waterhouse auprès de 1000 investisseurs montre ainsi que les Québécois sont beaucoup moins susceptibles de se doter d'un plan financier préparé par un professionnel que les Canadiens de l'Ontario, des Prairies ou de la Colombie-Britannique.

En fait, plus on se déplace vers l'ouest du pays, plus le plan financier gagne de la popularité. Dans les provinces de l'Atlantique, seulement 24 % des investisseurs sondés par TNS se sont donné un tel plan.

Au Québec, cette proportion augmente légèrement à 33 %. Elle passe à 40 % en Ontario et à 47 % en Colombie-Britannique.

Un sondage réalisé par Ipsos Reid pour le compte de BMO Groupe financier auprès de 1411 Canadiens de 45 à 60 ans abonde dans le même sens. On indique que 36 % des baby-boomers québécois interrogés n'ont pas de REER (régime enregistré d'épargne-retraite), comparativement à 30 % des baby-boomers de l'ensemble du pays.

Le directeur régional des ventes de BMO Fonds d'investissement, Michel Bélanger, s'inquiète.

Ces Québécois qui n'ont pas de REER comptent sur d'autres sources de revenus pour assurer leur retraite, soit le gouvernement (31 % de ces répondants), les régimes de retraite de leur entreprise (24 %), d'autres placements (16 %) ou, encore, leur conjoint ou leurs enfants (9 %).

«C'est assez surprenant, soupire M. Bélanger. Je ne pense pas que mes enfants s'occuperont de moi à la retraite.»

Il fait remarquer qu'il ne faut pas non plus trop compter sur les gouvernements et les régimes de retraite des entreprises.

«Aujourd'hui, quelqu'un qui prend sa retraite à 65 ans et qui bénéficie du maximum des pensions gouvernementale reçoit moins de 16 000 $ par année, souligne-t-il. On devra être plutôt frugal du côté des dépenses.»

En outre, de plus en plus d'entreprises s'éloignent des régimes à prestations déterminées pour aller du côté des REER collectifs.

«Les compagnies ne veulent plus avoir à supporter des plans de pension qui leur coûte énormément cher», affirme M. Bélanger.

Malgré cela, les Québécois continuent de bouder les plans financiers.

«Dans un récent sondage, 50 % des répondants québécois ont affirmé qu'ils aimaient mieux aller voir le dentiste qu'un planificateur financier», déplore M. Bélanger.

Richard La Ferrière, planificateur financier de chez TD Waterhouse, rappelle que l'éducation financière est relativement récente au Québec.

«Au Québec, l'État providence est quelque chose qui commence à disparaître, mais ça a longtemps été là», indique-t-il.

Il ajoute qu'en général, les Québécois forment un peuple plus festif que le reste des Canadiens.

«Ils sont plus enclins à regarder du côté de leurs besoins, de leur bien-être, déclare-t-il. Beaucoup de gens mettent plus d'argent dans la maison et moins dans l'épargne.»

MM. Bélanger et La Ferrière s'entendent: le taux élevé d'imposition au Québec n'aide pas les Québécois à épargner.

«Le revenu net disponible à l'épargne est plus bas au Québec», observe M. La Ferrière.

Il y a aussi la question de l'endettement.

«On a accès au crédit plus facilement: acheter maintenant, payer dans un an, souligne M. Bélanger. Mais il faut finir par payer: on va prendre l'argent prévu pour les cotisations au REER pour payer l'écran plasma.»