La poursuite a fait de Conrad Black un bandit de grand chemin en cravate, lors de la reprise de son procès, mardi à Chicago, tandis que ses avocats brossaient plutôt de lui le portrait d'un homme dépouillé d'une entreprise qu'il avait transformée d'arrache-pied en empire médiatique, «victime de gens qui n'ont rien construit».

La poursuite a fait de Conrad Black un bandit de grand chemin en cravate, lors de la reprise de son procès, mardi à Chicago, tandis que ses avocats brossaient plutôt de lui le portrait d'un homme dépouillé d'une entreprise qu'il avait transformée d'arrache-pied en empire médiatique, «victime de gens qui n'ont rien construit».

Les plaidoyers d'ouverture des avocats ont semblé suivre les orientations prévues.

Les avocats du gouvernement américain se sont attaqués au train de vie luxueux de Black et les ont accusés, lui et ses lieutenants, d'avoir détourné 80 millions US.

Puis, les avocats de Black ont vanté son sens des affaires inégalé.

«Ce n'est pas l'histoire d'un vol par Conrad Black, c'est l'histoire d'un vol dont il a été victime, a expliqué au jury son avocat américain, Edward Genson. Il n'a pas volé l'entreprise, c'est l'entreprise qui lui a été volée. Il est innocent, et quand les preuves auront été déposées, vous verrez qu'il est innocent.»

De l'autre côté, l'avocat Jeffrey Cramer a qualifié Black et ses associés de voleurs cupides qui sont allés trop loin alors qu'ils tentaient de mettre sur pied un empire médiatique international.

«Les voleurs de banque portent des masques et utilisent des armes, a-t-il dit. Ces quatre-là portaient des complets et des cravates.»

En plus de Black, trois anciens dirigeants de Hollinger International – Jack Boultbee, Peter Atkinson et Mark Kipnis – sont accusés d'avoir participé aux présumés délits.

Black fait face à des accusations de fraude, d'évasion fiscale, de blanchiment d'argent, d'extorsion et d'entrave à la justice. Son ancien lieutenant, David Radler, a déjà reconnu sa culpabilité, en échange d'une amende et d'une peine de prison réduite. Il devrait aussi témoigner contre son ancien patron.

Me Cramer a prétendu que les quatre anciens dirigeants de Hollinger International se sont associés pour réaliser la fraude, puisque Black et Radler ne pouvaient le faire seuls.

Mais Black était le principal actionnaire de Hollinger, a dit son avocat, et si l'entreprise a été détruite, ce n'est pas de sa faute.

«Ce n'est pas Enron, ce n'est pas WorldCom, a dit Me Genson. (C'était) une entreprise en santé qui valait des millions.»

La poursuite a aussi dénoncé le train de vie de Black – dont un séjour de deux semaines à Bora Bora qui aurait été payé avec les fonds de l'entreprise – mais Me Genson a déclaré que ces affirmations ne sont qu'un écran de fumée.

«Sa vie est différente de la nôtre, pas meilleure, a-t-il dit. Ne laissez pas l'éclat de la richesse vous rendre aveugles aux faits.»