Le visage de Québec inc. a beaucoup changé en 2006.

Le visage de Québec inc. a beaucoup changé en 2006.

La crise de l'industrie forestière, la vague de fusions et acquisitions et la mode des fiducies de revenu ont laissé des traces, forçant certaines entreprises à changer de nom, de pays ou de stratégie.

À l'heure des bilans, l'observation des modifications apportées à l'IQ-30, un indice boursier régional lancé à l'automne 2001, éclaire certains des événements qui ont marqué une année très riche en émotions pour les investisseurs.

Depuis janvier dernier, la composition de l'indice des 30 plus grosses entreprises publiques de la province a subi deux modifications importantes: le retrait de la société minière Cambior, suite à sa fusion avec Iamgold, et le rajustement du classement de BCE, après la création du Fonds Bell Aliant communications régionales.

«Il y a deux critères pour qu'une société soit admissible à l'IQ-30: elle doit avoir son siège social au Québec et être inscrite à une bourse canadienne», explique le responsable du Centre d'analyse et de suivi de l'Indice Québec, Marc-André Lapointe.

En se mariant à une compagnie ontarienne en septembre dernier, Cambior a en quelque sorte renoncé à sa citoyenneté et ne pouvait plus figurer dans l'indice, dont l'objectif est de refléter la santé économique du Québec.

Son retrait de la liste a permis à la papetière Cascades d'être réintégrée à l'IQ-30, dont elle avait été exclue à cause de la diminution importante de sa valeur boursière. «L'industrie est en crise et ça se reflète dans l'indice», souligne M. Lapointe.

«Abitibi-Consolidated, qui a déjà figuré parmi les 15 premières, était en novembre en queue de peloton, en 30e position», ajoute-t-il.

L'imprimeur Quebecor World, aux prises avec des problèmes persistants, a dégringolé de semblable manière.

À part Cascades et Abitibi, une seule autre compagnie forestière fait partie de l'indice, mais peut-être pas pour longtemps... Domtar, qui occupait jusqu'à tout récemment le 24e rang du classement, sera vraisemblablement retirée de l'indice si sa fusion avec les activités de papiers fins de Weyerhauser, annoncée en août dernier, se concrétise.

Officiellement, le siège social de la nouvelle société serait au Québec, mais il n'est pas clair si ses actions seront toujours inscrites à la cote au TSX.

Le regroupement avec Weyerhauser, dont la plupart des activités sont aux États-Unis, pourrait aussi faire chuter le pourcentage de contenu québécois de Domtar au point de lui faire perdre sa place parmi les 30 premières.

Pour l'IQ-30, les titres des sociétés sont en effet pondérés en fonction de leur prix, mais aussi en fonction du nombre d'employés et de dirigeants établis dans la province ainsi qu'en fonction du lieu de résidence du propriétaire majoritaire, s'il y en a un.

L'autre changement majeur à l'indice découle du changement de structure de BCE, qui a regroupé une partie de ses activités de téléphonie traditionnelles dans une nouvelle fiducie de revenu, dont le siège social est situé dans les Maritimes.

Cette réorganisation majeure a fait fondre la taille du géant des télécommunications, qui demeure néanmoins premier de la liste, juste devant la Banque Nationale.

L'observation d'un indice boursier, aussi bien conçu soit-il, ne permet évidemment pas de tracer un bilan complet.

La croissance soutenue d'Alimentation Couche-Tard aux Etats-Unis n'influence pas beaucoup son classement, puisqu'elle diminue son pourcentage d'activités au Québec en même temps qu'elle augmente sa valeur.

L'effet des transactions, mêmes majeures, n'est pas toujours clair.

Il est par exemple assez difficile de prévoir ce qu'il adviendra du Groupe Jean Coutu, quand le transfert de ses établissements américains à Rite Aid sera complété, probablement en mars. La transaction refera de la chaîne de pharmacies une société entièrement canadienne.

Le retour en bourse du transporteur Air Canada, il y a quelques mois, pourrait aussi entraîner des changements à l'indice, éventuellement. Pour l'instant, seule sa société mère, ACE Aviation, fait partie de l'IQ 30. Elle se classe au 20e rang.

D'autres événements qui ont marqué le paysage des affaires québécois en 2006 n'apparaissent pas dans l'IQ-30, parce que les entreprises impliquées sont trop petites.

Il suffit de penser à la vente du fabricant de peinture Sico à la multinationale néerlandaise Akzo Nobel ou à l'acquisition du détaillant La Senza par le spécialiste américain de la lingerie Victoria's Secret, en novembre.

Une autre concerne le fabricant de pièces automobiles Spectra Premium, qui a fermé son capital à l'automne.

Les difficultés du transformateur alimentaire Olymel, qui a annoncé la fermeture d'usines et confié à l'ancien premier ministre Lucien Bouchard le mandat de discuter avec ses syndicats et avec le gouvernement, a aussi fait couler beaucoup d'encre, tout comme les péripéties de l'ancien pdg de Norbourg, Vincent Lacroix, ont aussi fait les manchettes.

Il convient par ailleurs de souligner le sauvetage du chantier maritime Davie, l'un des plus vieux et des plus gros du pays, qui a été racheté in extremis par le groupe norvégien Teco, et l'obtention du contrat de renouvellement des voitures du métro de Montréal par la multinationale Bombardier.

Ce contrat controversé permettra à l'entreprise de sauvegarder des emplois au Québec, et particulièrement à La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent.

Les résultats financiers de Bombardier, qui seront publiés dans les premières semaines de 2007, permettront de faire le point sur sa santé financière et peut-être d'apprendre si le projet d'avion de 100 sièges CSeries redécolle ou s'il est définitivement abandonné.