Le prix du terrain au cimetière a-t-il suivi celui de l'immobilier? Y a-t-il pénurie d'emplacements funéraires à Montréal?

Le prix du terrain au cimetière a-t-il suivi celui de l'immobilier? Y a-t-il pénurie d'emplacements funéraires à Montréal?

"Il y a du vrai là-dedans, répond Richard Prenevost, directeur général du Repos St-François d'Assise, à Montréal. Peu de cimetières dans l'île sont encore actifs."

Traditionnellement, les Montréalais du centre de l'île étaient enterrés au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, s'ils étaient catholiques, et au Cimetière Mont-Royal, s'ils étaient d'une autre confession. Ces deux cimetières, splendidement situés sur le mont Royal, accueillent les défunts montréalais depuis un siècle et demi.

Le Cimetière Mont-Royal, qui couvre 165 acres, est occupé à plus de 90 %. Selon Tim Thompson, directeur du marketing, les 10 % restant pourraient se combler d'ici 12 à 20 ans. La rareté exerce son effet bien connu sur les prix : un terrain de 27 pieds carrés vaut 4000 $.

Au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, par contre, le directeur général Yoland Tremblay s'insurge contre l'idée d'une pénurie. C'est l'âge du cimetière qui laisse croire qu'il déborde, soutient-il. Près d'un million de défunts y reposent, "soit cinq générations depuis l'inhumation de Jane Gilroy-McCready en 1855", nous apprend leur site Internet.

"Nous avons encore de la place pour 100 ans", assure M. Tremblay. Près du tiers de la superficie de 343 acres - le plus vaste cimetière au Canada- est encore disponible.

Ici aussi, le site avantageux et le décor magnifique - 10 000 arbres - ont leur prix. Un terrain de 30 pieds carrés coûte 2700 $, en concession pour 99 ans.

Pour payer moins cher, il faut s'excentrer.

L'ancien Cimetière de l'Est, qui porte maintenant le nom moins abrupt de Repos Saint-François d'Assise, est situé rue Sherbrooke, près du boulevard Langelier. À ses débuts, au début du siècle, de nombreuses fosses communes y ont été creusées, notamment lors d'épidémies comme la grippe espagnole de 1918. Les temps ont bien changé: un terrain de 30 pieds carrés y coûte 1800 $ en concession de 99 ans, fondation pour monument incluse.

Pour leur part, les rares cimetières paroissiaux affichent pratiquement complet. À Ahuntsic, le cimetière de la paroisse Notre-Dame de la Visitation, ouvert en 1873, est à toute fin pratique rempli. On demande pourtant 2150 $ pour un terrain de 3 pieds 4 pouces sur 10 pieds, fondation en béton incluse. Ce paradoxe et ces dimensions peu courantes s'expliquent ainsi : on a commencé à diviser en trois parts les anciens emplacements de 10 pi sur 10 pi, que désirent céder les familles des défunts inhumés depuis plus de 30 ans. "Au bout de 15 ans, il ne reste apparemment plus rien, indique le responsable du cimetière. On est conservateur : on attend 30 ans. "

Le diocèse de Montréal compte quelque 26 cimetières qui relèvent de fabriques de paroisses. L'entreprise privée n'a pas voulu leur abandonner ce terrain.

Urgel Bourgie, par exemple, a racheté le Parc commémoratif de Montréal, dans l'arrondissement Saint-Laurent, qui a été fondé en 1932. En raison de leur rareté, un emplacement de 27 pieds carrés y coûte 4500 $ en concession pour 99 ans. L'entreprise possède également des cimetières à Laval et sur la Rive-Sud, où les terrains sont nettement moins chers. On y trouve même des soldes! Ainsi, les Jardins Urgel Bourgie, à Laval et sur la Rive-Sud, proposent présentement un rabais sur certains terrains de 3 pi sur 9 pi. Habituellement 1750 $ en concession de 99 ans, on les offre (pour un temps limité, selon l'expression consacrée) à 999 $, plus 170 $ pour l'entretien.

Le solde se termine à la fin novembre.